Deux-Sèvres : de nombreux blessés lors d'une manifestation sur le chantier d'une «bassine agricole»
Environ 4 000 manifestants, rejoints par plusieurs personnalités politiques, ont fait le déplacement à Sainte-Soline pour s'opposer au chantier d'une «bassine» destinée à l'irrigation agricole. Des heurts ont éclaté avec les forces de l'ordre.
A Sainte-Soline, 61 gendarmes ont été blessés, dont 22 sérieusement, lors de heurts survenus durant une manifestation d'opposants à un chantier de «mégabassine» pour l'irrigation agricole dans la campagne des Deux-Sèvres, a fait savoir le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin le soir du 29 octobre. Côté manifestants, une trentaine de personnes ont été blessées, dont dix prises en charge par les pompiers et trois hospitalisées, selon le collectif «Bassines non merci», qui rassemble des associations environnementales, organisations syndicales et groupes anticapitalistes opposés à cet «accaparement de l'eau» destiné à l'«agro-industrie».
La commune de Sainte-Soline (quelques centaines d'habitants) a été, à partir de 14h, le théâtre d'une manifestation écologiste visant à faire abandonner le chantier de cette «bassine». Comme l'a rapporté le jour même l'AFP, 4 000 militants venus «reboucher» l'ouvrage, malgré l'interdiction, se sont ainsi heurtés aux 1 500 gendarmes déployés pour protéger le chantier.
Sur place, l'antenne locale de France Bleu a témoigné du recours au gaz lacrymogène par les forces de l'ordre.
Des affrontements entre manifestants et gendarmes commencent. Des bombes lacrymogènes sont envoyées en direction de la « marche blanche »juste à côté de la future bassine de Sainte-Soline. pic.twitter.com/Wp03rlqxJq
— France Bleu Poitou (@Bleu_Poitou) October 29, 2022
Comme en témoignent des publications partagées sur les réseaux sociaux, plusieurs responsables politiques ont apporté leur soutien à l'initiative, certains ayant même fait le déplacement.
Des responsables politiques soutiennent les manifestants
«A Sainte-Soline pour lutter contre les bassines afin que la ressource en eau soit partagée justement entre tous les usages, y compris agricoles. Il faut sortir de cette agriculture qui accapare l’eau pour quelques cultivateurs de maïs», a par exemple tweeté l'eurodéputé écologiste Yannick Jadot, images à l'appui.
À Sainte-Soline pour lutter contre les #bassines afin que la resource en eau soit partagée justement entre tous les usages, y compris agricoles. Il faut sortir de cette agriculture qui accapare l’eau pour quelques cultivateurs de maïs. pic.twitter.com/PzskweIp1G
— Yannick Jadot (@yjadot) October 29, 2022
«Contre les bassines et la guerre de l'eau, pour une agriculture respectueuse de l'écosystème, avec des milliers de personnes, la France insoumise participe à la manifestation contre la mégabassine de Sainte-Soline», a quant à lui écrit le député insoumis de Loire-Atlantique Matthias Tavel.
Contre les bassines et la guerre de l'eau, pour une agriculture respectueuse de l'écosystème, avec des milliers de personnes, @FranceInsoumise participe à la manifestation contre la mega bassine de Sainte-Soline. Avec @ManonMeunier_UP et @PrudhommeLoic#BassinesNonMercipic.twitter.com/mXKVjLzCHC
— Matthias Tavel (@MatthiasTavel) October 29, 2022
«Arrivée sans encombre à Sainte-Soline avec les collègues députés Charles Fournier et Manon Meunier», a encore témoigné la députée Nupes de la Vienne Lisa Belluco.
💧Arrivée sans encombre à Sainte-Soline avec les collègues députés @cfourniereelv@ManonMeunier_UPpic.twitter.com/8C0DBxlvBR
— Lisa Belluco (@LisaBelluco) October 29, 2022
Comme l'explique l'AFP, les réserves de substitution sont des cratères à ciel ouvert, recouverts d'une bâche en plastique et remplis grâce au pompage de l'eau des nappes phréatiques superficielles l'hiver. Elles peuvent stocker jusqu'à 650 000 mètres cubes (soit 260 piscines olympiques) d'eau pour irriguer l'été, quand les précipitations se font plus rares.
La bassine de Sainte-Soline est la deuxième d'un projet de 16 élaboré par un groupement de 400 agriculteurs réunis dans la Coop de l'eau, pour «baisser de 70% les prélèvements en été», dans cette région encore soumise à des restrictions d'irrigation après une sécheresse estivale hors normes.
Les opposants dénoncent des «mégabassines» réservées à de grandes exploitations céréalières tournées vers l'exportation et défendent la mise en place d'autres mesures pour mieux partager et préserver l'eau – agroécologie, changement de culture ou encore retour des prairies.