«Si rien n’est fait», un maire annonce qu'il ne paiera plus les factures d'électricité de sa ville
Jean-Pierre Bosino, maire communiste de Montataire, a annoncé s'attendre à un quadruplement des dépenses d'électricité de la commune, de 600 000 à 2,5 millions d'euros. Il refuse de s'acquitter de telles sommes et a appelé d'autres élus à l'imiter.
Le début d'une vague de refus ? En prenant connaissance des prévisions d'augmentation des dépenses d'électricité de sa commune, le maire PCF de Montataire (Oise) Jean-Pierre Bosino «est tombé de sa chaise», relate Le Parisien et a fait savoir qu'il ne payerait tout simplement pas la facture.
Face à cette situation, le président de la République et le gouvernement bricolent avec des annonces complètement déconnectées de la réalité
Celle-ci devrait en effet, pour cette ville de 15 000 habitants, quadrupler en passant de 600 000 euros à 2,5 millions d’euros, pour un budget de fonctionnement et d'investissement de 32 millions d'euros. Impossible de suivre, d'après l'édile, selon qui «il faudrait augmenter les impôts de 40 %» pour amortir le choc.
Jean-Pierre Bosino a incriminé l’ouverture du marché à la concurrence, y voyant la cause de cette forte hausse, rappelant que la loi NOME (pour «nouvelle organisation du marche de l'électricité») de 2011 – votée durant le mandat de Nicolas Sarkozy – «a obligé EDF, le fournisseur historique, à revendre de l’électricité d’origine nucléaire à 50 euros le méga watt à ses concurrents, ce qui lui coûte 8 milliards qui manquent à la maintenance des centrales». Très remonté, l'élu a fustigé «ces mêmes concurrents qui spéculent et font monter les prix en revendant cette électricité à 700, 800, 1000 euros le mégawatt».
L'élu préconise une sortie du marché
Afin de sortir d'un système qui «marche sur la tête», il réclame que les collectivités territoriales soient exonérées de l'obligation de passer par des appels d'offres et puissent acheter de l'électricité au tarif régulé. Une demande adressée directement à l'Etat qui se doit de réagir rapidement, selon l'élu.
«Si rien n’est fait, nous ne paierons pas les factures, nous appelons toutes les collectivités à en faire de même», a-t-il lancé dans Oise Hebdo, se refusant à envisager toute fermeture ou réduction d'activité des services publics locaux. «Face à cette situation, le président de la République et le gouvernement bricolent avec des annonces complètement déconnectées de la réalité», a-t-il fustigé.
L'alerte et l'appel à la désobéissance de Jean-Pierre Bosino font écho à un rapport remis au Sénat fin juillet, selon lequel «les prévisions des collectivités territoriales vont devoir être revues afin de prévoir sur ce poste de fonctionnement [énergétique] une dépense parfois trois à quatre fois supérieure à celle de l’année précédente». Soudaine, la hausse des dépenses d'énergie «met en péril des services publics locaux essentiels» et pourrait mener à une «hausse des impôts locaux affectant le pouvoir d’achat des ménages», que le gouvernement tente de préserver par le bouclier tarifaire mis en place depuis l'automne 2021.
La crise énergétique qui affecte l'ensemble du continent pourrait susciter des mouvements de protestation dans les mois à venir : au Royaume-Uni, un collectif de citoyens baptisé «Don't pay UK» a d'ores et déjà invité les Britanniques à ne plus régler leurs factures de gaz et d'électricité à partir du mois d'octobre afin de s'insurger contre la hausse des prix et espère ainsi forcer les fournisseurs d'énergie à réduire la facture.