Le Wall Street Journal accuse Google de tricherie
De plus en plus sur la sellette, Google est accusé de truquer les résultats de son moteur de recherche au service de ses intérêts commerciaux et de ceux des plus gros clients de son service de publicité en ligne.
«Le géant de l'internet utilise des listes noires, des ajustements d'algorithmes et une armée de sous-traitants pour façonner ce que vous voyez», affirme le Wall Street Journal(WSJ) en sous-titre d’une enquête sur les pratiques du moteur de recherche de Google.
Le quotidien de référence de la finance aux Etats-Unis a ainsi interrogé une centaine de professionnels proches du groupe Alphabet, qui possède le moteur de recherche, et pratiqué de nombreux tests en comparant les résultats de Google avec ceux d’autres moteurs de recherche.
Pour le WSJ, aucun doute possible, le premier moteur de recherche de la planète, avec ses 3,8 millions de requêtes par minute, a spécialement paramétré ses algorithmes de sorte à favoriser ses intérêts et ceux des grandes entreprises qui font appel à sa régie publicitaire au détriment des petites entreprises. Ses suggestions automatiques de recherche seraient également manipulées.
Selon le quotidien, les résultats de son enquête ont sapé l’un des principaux arguments de défense de Google contre les inquisitions des régulateurs mondiaux selon lequel son moteur de recherche n’exercerait aucun contrôle éditorial sur ce qu’il montre aux utilisateurs.
Quelques jours plus tôt le WSJ avait également révélé qu’en partenariat avec Ascension, une institution médicale privée implantée dans 21 Etats américains, Google avait siphonné les données médicales personnelles de millions de patients sans les avoir informés au préalable.
Menace de démantèlement
Pour Google, ces accusations tombent particulièrement mal, dans un contexte de suspicion très forte à l’égard des géants de la technologie aux Etats-Unis. Ainsi, en juillet, le département de la Justice des Etats-Unis a annoncé l’ouverture d’une enquête de sa division anti-trust pour vérifier si – et éventuellement comment – les plates-formes en ligne et les géants des technologies avaient acquis des positions dominantes leur permettant de limiter la concurrence et freinant l’innovation, ou portant préjudice aux consommateurs.
En mars, Elizabeth Warren, candidate à l’investiture du parti Démocrate pour l’élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis a même fait sensation en publiant une tribune intitulée «Voici comment nous pouvons démanteler les géants des technologies» et en annonçant qu’elle refusait tous les dons pour le financement de sa campagne issus des Gafam.
En Europe, Google s’est déjà vu infliger trois amendes records pour abus de position de dominante, liées à son système d’exploitation pour smartphones Android, à son comparateur de prix Google Shopping, et plus récemment à sa régie publicitaire Adsense.