A la veille d’un G7 de crise, des ONG dénoncent un nouveau record de dividendes boursiers
- Avec AFP
Alors que la récession menace, les dividendes boursiers ont atteint un niveau record. Des associations comme Attac ou Oxfam France dénoncent l’hypocrisie d’un G7 officiellement consacré à la lutte contre les inégalités
Un montant record de 513,8 milliards de dollars (463 milliards d’euros) a été distribué sous forme de dividendes aux actionnaires du monde entier au deuxième trimestre, selon une étude de référence publiée le 19 août par la société de gestion de fonds Janus Henderson Investors.
Toutefois leur progression (+1,1%) a été bridée par une économie en perte de vitesse. A titre de comparaison, le montant des dividendes avait bondi de 14,3% un an plus tôt. Le rapport souligne aussi que «le taux de croissance a été le plus faible en plus de deux ans», et que la décélération de l'économie mondiale a «commencé à se faire sentir sur les dividendes».
En outre, cette explosion a été tirée par les indices américains. En Europe (hors Royaume-Uni), les dividendes ont reculé de 5,3% à 169,5 milliards de dollars (152,8 milliards d’euros). La région Asie-Pacifique hors Japon a également fait moins bien que l'an passé (-2,9% à 43,2 milliards de dollars), lestée par Hong Kong où «un quart des sociétés» analysées ont réduit leurs dividendes, à cause du ralentissement chinois, selon le document.
Pas de quoi attendrir les organisations altermondialistes qui participent cette semaine au «contre-sommet» à Hendaye, près de Biarritz dans les Pyrénées-Atlantiques où se tient le sommet des chefs d’Etat.
«Le monde du contre G7 n'est pas surpris [par] ce chiffre record qui illustre les politiques qu'il faut transformer aujourd'hui pour financer l'intérêt général plutôt que rémunérer les actionnaires», a par exemple commenté Maxime Combes, porte-parole d'Attac France cité par l’AFP.
Il dénonce aussi «un double discours entre un G7 qui se veut être celui de la lutte contre les inégalités et les politiques nationales qui contribuent à les accroître».Un point de vue partagé par Oxfam France dont le porte-parole Quentin Parrinello a déclaré : «les pays du G7 mettent en place des politiques qui favorisent le versement de dividendes notamment au détriment des salaires.»
Selon les calculs de cette ONG, au cours des deux dernières années «les dividendes versés au sein des pays du G7 ont augmenté trois fois plus vite que les salaires».
La France se distingue en Europe pour ses généreux dividendes
Les branches françaises d’Attac et Oxfam sont également convaincues que si la France ressort de cette étude comme étant «de loin le plus grand payeur de dividendes en Europe» (+3,1% 46 milliards d’euros), c'est grâce à une fiscalité favorable aux actionnaires.
Pour l'ensemble de l’année 2019, le cabinet Janus Henderson prévoit un montant record de 1 430 milliards de dollars de dividendes, soit une hausse de 4,2% par rapport à l’année précédente. Il prévoit aussi que la croissance des dividendes sera cette année plus élevée que celle de l’économique mondiale, attendue à + 2,6% par la Banque mondiale et 3,2% par le Fonds monétaire international.