Nord Stream maintient le cap malgré les nouvelles menaces de sanctions américaines

Nord Stream maintient le cap malgré les nouvelles menaces de sanctions américaines Source: AFP
Des ouvriers sur le chantier de construction du gazoduc Nord Stream 2 à Lubmin, dans le nord-est de l'Allemagne, le 26 mars 2019 (illustration).
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Le comité des Affaires étrangères du Sénat américain a adopté un nouveau projet de sanctions visant le gazoduc sous-marin Nord Stream 2 qui doit relier la Russie et l'Allemagne. Ses promoteurs affirment toutefois que sa construction se poursuit.

Nord Stream 2, l'opérateur du gazoduc dirigé par le russe Gazprom en construction entre la Russie et l'Allemagne via la mer Baltique, a rappelé jeudi son "plein engagement" à mener à bien le projet malgré l'adoption par un comité du Sénat américain d'un texte prévoyant des sanctions.

Dans la soirée du 31 juillet, le comité des Affaires étrangères du Sénat américain a adopté un texte prévoyant des sanctions contre les individus et entreprises ayant participé à la construction du gazoduc Nord Stream 2. Avant d'entrer en vigueur, ce texte intitulé «Loi de protection de la sécurité énergétique de l’Europe» (Protecting Europe's Energy Security Act), et adopté par 20 voix contre 2, devra être approuvé par l'ensemble du Sénat, la chambre des représentants et enfin signé par le président des Etats-Unis.

Pendant les débats, le sénateur républicain Ted Cruz a avancé que la Russie avait historiquement utilisé l’énergie comme une arme. Seuls le républicain Rand Paul et le démocrate Tom Udall ont voté contre le texte, le premier plaidant qu'il sanctionnait des alliés des Etats-Unis et nuirait à des entreprises qui emploient des milliers d’Américains.

Les sanctions prévues par ce projet de loi pourraient aussi s’étendre aux autres gazoduc transportant le gaz russe en Europe comme TurkStream.

L’exploitant du gazoduc sous-marin Nord Stream 2, qui doit relier l’Allemagne à la Russie, a déclaré le lendemain dans un communiqué qu’il était en train d’évaluer le projet de loi américain, mais qu’il était trop tôt pour se prononcer sur ses éventuelles implications.

«Nous avons pris connaissance de l'étape de procédure du comité des Affaires internationales du sénat hier. Nous sommes en train d'évaluer la législation proposée. Il est trop tôt pour commenter d'éventuelles conséquences pour notre projet», a réagi l'opérateur de Nord Stream 2, interrogé par l'AFP.

Le consortium piloté par Gazprom a par ailleurs affirmé que «plus de 1 000 entreprises de 25 pays» travaillaient à la construction de Nord Stream 2 et étaient «pleinement déterminées à mener à bien ce projet».

Le coût de la construction de Nord Stream 2, évalué à 9,5 milliards d'euros est financé à 50% par la société publique russe Gazprom, le reste étant couvert par ses partenaires européens : les Allemands Wintershall et Uniper, l'Anglo-Néerlandais Shell, le Français Engie et l'Autrichien OMV, à hauteur de 10% chacun.

Protéger l’indépendance énergétique de l’Europe

L’administration américaine répète depuis le début de ses tentatives de faire avorter ce projet Nord Stream 2, qu’elle cherche à protéger l’indépendance énergétique de l’Europe comme le rappelle le nom du texte adopté par le comité du Sénat américain.

En Europe toutefois, ces mesures sont vues différemment. Cité par l’agence Reuters, l’allemand Rainer Steele, président de la société autrichienne OMV, un des cinq partenaires européens de Gazprom dans le projet Nord Stream 2 a déclaré le 10 juillet : «Ce serait un désastre pour l’Europe d’enterrer Nord Stream 2 sous la pression des Etats-Unis.»

Réagissant le 1er août au nouveau projet de loi de sanctions visant le gazoduc, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova a déclaré, lors d’un point-presse : «Les législateurs américains [...] ne savent plus quelles manigances inventer.» Elle a ajouté que Nord Stream 2 continuait de se construire «en dépit de toutes les menaces».

Les obstacles s'accumulent néanmoins pour ce projet industriel qui doit permettre le doublement de la capacité (35 milliards de mètres cubes par an) du premier gazoduc sous-marin Nord Stream entré en service en 2011. Bien que construit en majeure partie, sa mise en service risque aussi d'être retardée par le refus du Danemark de délivrer au consortium les autorisations nécessaires pour traverser ses eaux. Nord Stream maintient ses prévisions d'entrée en fonction d'ici la fin de l'année.

Le consortium a également annoncé la semaine dernière avoir saisi la justice européenne pour faire annuler les nouvelles règles de l'UE sur le transport du gaz, après l'échec de tentatives pour trouver un règlement à l'amiable avec la Commission européenne.

Lire aussi : Les Etats-Unis veulent que l’Europe paye son gaz plus cher, mais c’est pour la bonne cause

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