La candidate de la France et de l’UE battue par un Chinois à la tête de la FAO
La diplomatie chinoise vient de remporter une victoire symbolique. Pour la première fois en 74 ans, elle est parvenue à imposer un des siens à la tête de l’Organisations des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture.
Le vice-ministre chinois de l'Agriculture, Qu Dongyu, a été élu le 23 juin à la tête de l'Agence des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO), lors de la 41e session de l’organisation basée à Rome. Il l’a emporté dès le premier tour avec 108 voix contre 71 en faveur de l’agronome française Catherine Geslain-Lanéelle, et 12 voix pour l’ancien ministre géorgien Davit Kirvalidzé.
Qu Dongyu sera le neuvième directeur général de la FAO depuis la création de l'Organisation le 16 octobre 1945, et le premier Chinois à occuper ce poste. Elu pour quatre ans, il succédera au Brésilien José Graziano da Silva, et son mandat débutera le 1er août 2019. «C'est une date historique, un nouveau tremplin», a immédiatement réagi le nouvel élu, cité par l’AFP, avant de rendre hommage à son pays pour des «décennies de réformes menées avec succès».
«Je prendrai mes responsabilités dans la supervision des conférences [...] avec une approche basée sur les règles, et ferai respecter les principes d'ouverture, de justice et de transparence en restant impartial et neutre», a également déclaré le responsable chinois, qui s’est dit engagé à œuvrer «pour les peuples et les agriculteurs».
Qu Dongyu, né en 1963 dans un village de la province du Hunan (sud de la Chine) est diplômé de l’Académie des sciences agricoles de Chine. En 1996, il a obtenu un doctorat en science agricoles et environnementales de l’Université de Wageningen aux Pays-Bas. Il occupe son actuel poste ministériel depuis juin 2015. La candidature de la Française Catherine Geslain-Lanéelle était également soutenue officiellement par l’Union européenne.
Les délégués, qui ont voté à bulletin secret, n’avaient le choix qu’entre entre trois candidats, après le retrait du Camerounais Mégui Moundi et de l’Indien Ramesh Shand, au cours des dernières semaines.
Aggravation de la faim dans le monde depuis trois ans
Sous la houlette de José Graziano da Silva, la FAO a amorcé un virage en faveur de méthodes agro-écologiques. Faire appel à la nature pour à la fois combattre les effets du réchauffement climatique et augmenter les rendements agricoles, tout en limitant les pesticides de synthèse qui font vivre les géants de l'agrochimie.
La FAO, dispose d'un budget équivalent à 2,3 milliards d’euros pour l’exercice 2018 et 2019, emploie près de 6 000 personnes et travaille dans plus de 130 pays avec les gouvernements pour tenter réduire la pauvreté et la faim en milieu rural. Les Etats-Unis sont le premier Etat contributeur de l’organisation.
La FAO fait face à un moment crucial de son histoire alors qu’elle a en partie échoué à atteindre ses objectifs. Ainsi, selon les chiffres des Nations unies, le nombre de personnes victimes de malnutrition a augmenté au cours des trois dernières années. Et aujourd’hui, quelque 820 millions de personnes, soit plus du dixième de la population mondiale, souffrent de la faim en raison de la sécheresse, d’inondations, de conflits et de crises économiques, selon les chiffres des Nations unies.