Européennes : les Jeunes agriculteurs et la FNSEA soumettent les candidats à la question

Européennes : les Jeunes agriculteurs et la FNSEA soumettent les candidats à la question© La FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles)
De gauche à droite (en haut) Angélique Delahaye (LR), Aziliz Gouez (PS), Romain Dureau (LFI) et , (en bas) Benoît Biteau (EELV), Nathalie Loiseau (LREM) et Hervé Juvin (RN), lors du "Grand oral" de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs à Paris, le 14 mai 2019.
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A moins de deux semaines des élections parlementaires européennes, le premier syndicat agricole a invité les candidats des six listes placées en tête par les sondages à présenter leurs programmes et à répondre à leurs questions.

«Nous n'avons pas vu de vraies propositions sur la table pour renouveler les générations en agriculture en Europe», s’est désolé Samuel Vandaele, le président des Jeunes agriculteurs, à l'issue du «grand oral» sur les programmes des six premières listes pour les européennes (5% ou plus d’intentions de vote dans les sondages), organisé avec le concours de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) à Paris le 14 mai.

«Il n'y a pas eu d'agribashing, ils nous aiment tous, ils nous ont tous caressé dans le sens du poil. Il fallait s'y attendre mais ça ne fait pas de mal quand même», a pour sa part relevé la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert.

Très favorables à l’Union européenne, les Jeunes agriculteurs et la FNSEA avaient pour l’occasion publié un fascicule contenant leurs propositions et appelant à voter «pour l’agriculture, pour l’Europe». Malgré tout, dans ce document de quatre pages, ils expriment plusieurs inquiétudes, en particulier au sujet de la réforme de la politique agricole commune (PAC). Elle est pour le moment suspendue, jusqu’à l’élection d’un nouveau Parlement, mais sur la base de ses orientations connues, les agriculteurs français estiment qu’elle est devenue «à la carte» ainsi que «très administrative et juridique».

Le vieillissement de la population agricole figure également en bonne place dans les préoccupations des deux organisations agricoles. Elles soulignent que seulement 6,5% des agriculteurs ont moins de 35 ans et appellent à «préserver le modèle de l’agriculture familiale, fondement de l’agriculture européenne». Pour cela, elles demandent que soient mises en place des solutions pour que les jeunes agriculteurs aient accès au foncier et au financement.

La FNSEA et les jeunes agriculteurs dénoncent aussi un dénigrement de l’agriculture qui serait une tendance dans de nombreux Etats membres. Mais surtout, les organisations réclament une harmonisation des coûts du travail, de la fiscalité et des mesures sanitaires et environnementales. Il s’agit de mettre fin à ce qu’elles appellent des «distorsions de concurrence».

Difficile de séduire les agriculteurs avec l'écologie

A ce sujet, la première intervenante invitée, Angélique Delahaye, députée européenne sortante et 16e sur la liste des Républicains, a su reprendre un des slogans de la FNSEA, «n’importons pas l’agriculture que nous ne voulons pas» – qui dénonce les restrictions d’ordre sanitaire imposées aux productions agricoles européennes, sans l’être aux importations. Facile pour cette native de Lyon qui, bien que n’étant pas issue d’un milieu d’agriculteurs, s’est lancée à 25 ans dans la production maraîchère avant de présider, pendant une douzaine d’années, la Fédération nationale des producteurs de légumes de France, siégeant à ce titre, au conseil d’administration de la FNSEA.

Moins chanceuse, Aziliz Gouez, candidate de la liste Parti socialiste/Place publique, a eu beau rappeler à plusieurs reprises ses origines paysannes, elle a semblé heurter l’auditoire en fustigeant une «agriculture intensive d'exportation». Une formule malheureuse du point de vue des agriculteurs qui y voient une dénonciation de certains de leurs modes de production. Au point que la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, n’a pas hésité à la brocarder dans sa conclusion de cette journée de rencontres tout en déplorant la difficulté d'obtenir une définition de la «politique agricole et alimentaire commune prônée par ce parti [Place publique]».

Romain Dureau, ingénieur agronome de 24 ans et candidat sur la liste de la France insoumise (LFI), bien qu’issu «d’une famille d’ouvrier·e·s Michelin et de paysan·ne·s» a lui aussi été à la peine lorsque Daniel Prieur, secrétaire général adjoint de la FNSEA, lui a demandé : «Comment garantir un meilleur revenu quand on envisage une agriculture dans laquelle il n’y a pas de place par l’exportation ?» Une référence au programme de LFI réputé privilégier une agriculture paysanne qui ne pourrait cohabiter avec une agriculture d’exportation, selon l’analyse de Renaud Carpon, rédacteur en chef du site Terre-net, qui a passé à la loupe les propositions de Jean-Luc Mélenchon.

De gauche à droite, tous pour l'agriculture locale

L’idée d’une agriculture locale ou de proximité a été défendue par plusieurs candidats aux sensibilités politiques réputées éloignées. Hervé Juvin, candidat en cinquième place sur la liste du Rassemblement national, a dit vouloir «favoriser ce que certains appellent le localisme et [qu’il] appell[e] les circuits courts et inverser le prix de la proximité». Pour expliquer cette notion, il a déclaré : «Il est aberrant de payer moins cher un produit de Nouvelle-Zélande qu’un produit de Corrèze».

Hervé Biteau, agriculteur en Charente-Maritime, représentant de la liste Europe Ecologie - les Verts (EELV) s’est lui aussi prononcé pour une agriculture 100% locale, mais aussi 100% bio. Un message plus difficile à faire passer auprès des agriculteurs qui considèrent souvent les écologistes avec scepticisme, parce qu’ils estiment que l’interdiction des pesticides ne peut se faire avant que des solutions alternatives garantissant leurs rendements aient été trouvées. Dans sa conclusion, la présidente de la FNSEA Christianne Lambert a d’ailleurs souligné ce point en déclarant : «Il est évident que le candidat qui nous dit qu'il veut une Europe 100% en agriculture biologique n'a pas convaincu l'auditoire.»

Dernière intervenante et seule tête de liste à avoir fait le déplacement, Nathalie Loiseau a profité de l’audience d’un parterre réputé euro-enthousiaste pour reprendre le mot d’ordre de sa liste, Renaissance, apparentée à La République en marche «Reprendre le contrôle de notre destin». Citée dans un des tweets publiés par la FNSEA sur son compte, elle a aussi déclaré : «Nous nous engageons à baisser de moitié les produits phytosanitaires et à sortir du glyphosate.» Un message à double-tranchant, car il est non seulement en décalage avec les attentes d'un grand nombre d'agriculteurs, mais aussi avec les décisions du gouvernement. 

Un électorat ultra-minoritaire mais courtisé

Ne représentant que 4% de la population française, les agriculteurs sont néanmoins courtisés avec plus ou moins de bonheur par la plupart des formations politiques. En dépit de réalités très différentes, d’une exploitation ou d’une région à l’autre, le vote paysan est réputé conservateur et plus volontiers attiré par la droite traditionnelle que représentent Les Républicains. Pourtant, c’est le groupe PPE, auquel ils sont affiliés, qui s’est le plus majoritairement prononcé pour l’adoption de l’accord de libre-échange avec le Canada, lors du vote du Parlement en mai 2017. Or, dans un communiqué de presse incendiaire intitulé «Le CETA ne doit pas être appliqué !», la FNSEA jugeait cet accord «injuste, inique et inacceptable».

Sur scène, Angélique Delahaye, la candidate sortante des Républicains, a d’ailleurs été mise en difficulté sur ce point par Arnold Puech d'Alissac, président de la fédération régionale normande. La candidate a dû reconnaître qu’à titre personnel elle s’était seulement abstenue, sans pouvoir faire oublier que son groupe Parlementaire était celui qui avait voté pour le plus largement en faveur du CETA. Mais entre les engagements pris lors d’une campagne électorale et les réalités de la vie parlementaire bruxelloise…

Jean-François Guélain

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