Whirlpool : le ministère du Travail autorise le licenciement économique des salariés protégés
L'usine avait fermé en mai 2018 mais le sort de certains salariés restait incertain : le licenciement des délégués du personnel et les responsables syndicaux du site de l'usine Whirlpool d'Amiens avait été contesté par l'inspection du travail.
Le ministère du Travail dirigé par Muriel Pénicaud a finalement décidé le 14 mai d'autoriser le licenciement pour motif économique des salariés protégés de l'entreprise Whirlpool d'Amiens, selon les informations de l'AFP. Il s'agit en l'occurrence de délégués du personnel ou de représentants syndicaux.
L'inspection du travail avait préalablement refusé ces licenciements au cours de l'été 2018, estimant que les raisons économiques invoquées ne tenaient pas, mais cette fois, le courrier transmis par la direction générale du Travail, qui agit «pour la ministre» du Travail, annonce aux salariés que «l’employeur démontre l’existence de menaces concrètes et tangibles pesant sur la compétitivité du groupe Whirlpool […] nécessitant une réorganisation de l’entreprise.» Et de conclure : «Par conséquent, la cause économique alléguée à l’appui de la demande d’autorisation de licenciement est établie […] Le licenciement de M. X est autorisé.» Une perte de 2% de parts de marché entre 2014 et 2016 est notamment invoquée dans le courrier pour soutenir ce motif.
Fiodor Rilov, avocat d'un des salariés licenciés a réagi auprès de l'AFP : «De manière complètement hallucinante [la ministre du Travail Muriel Pénicaud] a considéré, et elle est bien la seule, qu’il y a un motif économique pour licencier les salariés protégés de Whirlpool à Amiens.» Une trentaine de personnes seraient concernées, selon cette même source. Dans un tract, la section CGT de l'usine déplore : «Whirlpool va réussir à se dédouaner grâce au gouvernement Macron.»
Cette usine du fabricant américain employait 246 salariés dans la région d'origine d'Emmanuel Macron et avait été délocalisée à Lodz en Pologne après avoir été fermée le 31 mai 2018. Les salariés grévistes en amont de cette fermeture programmée s'étaient invités dans la campagne présidentielle lorsque Marine Le Pen et Emmanuel Macron avaient eu une passe d'armes sur le site même de l'entreprise durant l'entre deux tours en 2017.
Opposant politique à l'actuel majorité, l'insoumis François Ruffin, également d'origine amiénoise, s'était rendu sur le site de l'usine pour y rencontrer Emmanuel Macron le 3 octobre 2017 lorsque le président de la République était revenu pour rencontrer les salariés. Le député, journaliste et documentariste, n'a manifestement pas oublié ce dossier. Dans une série de tweets sur son compte officiel, il écrit : «Sur le site de Whirlpool, alors en campagne, Emmanuel Macron qualifiait l'entreprise de "délinquante". Cette année-là, la firme américaine engrangeait 815 millions de bénéfices et augmentait de 10% les dividendes versés à ses actionnaires. Malgré ces chiffres et cette déclaration, la ministre du Travail Muriel Pénicaud considère que Whirlpool était en difficulté, et que la délocalisation en Pologne répondait à une nécessité "économique". Et que les syndicalistes peuvent donc, à leur tour, être licenciés. Pas de surprise : c'est la même Muriel Pénicaud, alors DRH de Danone, qui avait supprimé 900 postes tandis qu'elle engrangeait 1,13 million de stock-options pour ça. C'est franc du collier, au moins : l'argent avant les gens.»
Sur le site de #Whirlpool, alors en campagne, @EmmanuelMacron qualifiait l'entreprise de "délinquante". Cette année-là, la firme américaine engrangeait 815 millions de bénéfices et augmentait de 10% les dividendes versés à ses actionnaires.https://t.co/2ebCciIcDb
— François Ruffin (@Francois_Ruffin) 15 mai 2019