CETA : la ministre canadienne annonce «la fin et l’échec» des négociations avec la Wallonie
Chrystia Freeland, ministre canadienne du Commerce, n’a pas caché sa déception en indiquant devant le siège du gouvernement wallon que les discussions entre son pays et la Wallonie sur le CETA s’étaient soldées par un échec.
En quittant l’Elysette, le siège du gouvernement wallon à Namur, le 21 octobre dans l’après-midi, Chrystia Freeland a annoncé «la fin et l’échec» des discussions avec la Wallonie sur le traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada (CETA). La ministre canadienne du Commerce s’est dite très déçue de cette «opportunité manquée», rapporte le média belge RTBF.
Tout accord «impossible»
«Cela me semble évident à moi et au Canada que l’Union européenne n’est pas capable pour l’instant de conclure un accord international, même pour un pays qui a des valeurs aussi européennes que le Canada», a ajouté la ministre.
#CETA : le 1er ministre belge dénonce une #radicalisation des positions de la #Wallonie ‼️ + DETAILS >>> https://t.co/vbCC45yPRnpic.twitter.com/0JULfYEmR4
— RT France (@RTenfrancais) 21 octobre 2016
Son porte-parole a précisé à l’AFP que Chrystia Freeland rentrerait sous peu au Canada.
Alors que le parlement wallon avait fait voix, depuis plusieurs jours, de son refus d’approuver le CETA, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker avait indiqué le 21 octobre qu’il ne désespérait «pas de trouver une solution dans les jours qui viennent».
Plus tôt dans la journée, le ministre-président de Wallonie Paul Magnette s’était lui montré moins optimiste, jugeant que les avancées réalisées lors des négociations n’étaient pas encore «suffisantes».
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«J'ai simplement plaidé pour avoir un peu de temps», nuance Magnette
Réagissant à l'échec des négociations sur le média belge RTL, Paul Magnette a nuancé : «Sur le fond du dossier, […] des progrès étaient vraiment possibles parce que je crois que nos conceptions [avec les négociateurs canadiens] sont très proches. C’est plutôt sur le temps que les difficultés sont manifestes parce que nous avons besoin d’encore un peu de temps.»
Le président du gouvernement wallon a ensuite précisé qu'il avait «simplement plaidé pour» un délai supplémentaire, n’excluant pas que «peut-être un jour», des discussions puissent reprendre entre les deux parties.
Nous ne pourrons apporter une réponse à l’EU d'ici vendredi. Notre processus démocratique est incompatible avec le calendrier imposé. pic.twitter.com/AVU0SHkFF1
— Paul Magnette (@PaulMagnette) 18 octobre 2016
Une page se tourne pour le traité controversé
Signé par les négociateurs en septembre 2014, le traité, qui vise à établir une zone de libre-échange transatlantique entre le Canada et l'Union européenne, devait être approuvé par les parlements provinciaux canadiens, ainsi que par les parlements nationaux des 28 Etats membres de l'Union européenne, avant de pouvoir entrer en application.
Mais alors que la procédure de ratification s'approchait à grands pas, la Wallonie, région francophone du sud de la Belgique, a jeté un pavé dans la mare en octobre 2016, faisant savoir par la voix de son ministre-président Paul Magnette, qu'elle ne donnerait «pas les pleins pouvoirs au gouvernement fédéral» nécessaires pour que la Belgique signe l’accord.
La position a été maintenu au cours des négociations, malgré des appels répétés de la part du Premier ministre canadien Justin Trudeau, mais aussi de hauts responsables européens comme le président du Conseil Donald Tusk ou le président de la Commission Jean-Claude Juncker, qui espéraient que le parlement wallon revienne sur sa décision.
Ces derniers mois, les manifestations contre le CETA, mais aussi contre le traité de libre-échange entre les Etats-Unis et l'Union européenne (TTIP ou TAFTA), auquel il est souvent comparé, ont eu lieu partout en Europe.
Le 20 septembre, quelque 9 000 manifestants s'étaient retrouvés devant la Commission européenne à Bruxelles pour y faire tomber deux chevaux de Troie, symbolisant les deux traités de libre-échange.
Quelques jours auparavant, c'est à Berlin que plusieurs dizaines milliers d'opposants aux deux accords avaient marché pour faire voix de leur opposition.