RDC : l'effondrement d'un pont de fortune dans la mine de cuivre de Kalando fait plusieurs dizaines de morts
© X / Africa Affair JournalUne dispute entre militaires et mineurs artisanaux ayant dégénéré en mouvement de panique, selon la société civile, ou un terrain rendu instable par la pluie, d’après la version du gouvernement, seraient à l’origine du drame.
Un pont de fortune s’est effondré sur le site minier de Kalando, situé à une quarantaine de kilomètres de Kolwezi, dans la province de Lualaba, en République démocratique du Congo (RDC), le 15 novembre. Le bilan, encore provisoire, serait d’au moins 32 morts selon le gouverneur de la province, Fifi Massuka, qui indique le nombre de corps récupérés sur le site de l’accident et transférés à la morgue. L’association des creuseurs artisanaux de Lualaba déplore, pour sa part, un bilan plus lourd d’au moins 49 morts et plusieurs dizaines de disparus.
🇨🇩 Au moins 32 personnes ont trouvé la mort à la suite d’un glissement de terrain survenu dans la mine de cuivre de Kalando, dans la province de Lualaba, située au sud-est de la #RDC. https://t.co/jXSbPV7zE3pic.twitter.com/k2B8S1ZwLy
— African Initiative (@Afrc_Initiative) November 17, 2025
Les victimes sont pour la majorité des creuseurs artisanaux de cette mine de cuivre semi-industrielle qu’ils exploitent à côté du groupe minier Pajeclem, sous protection militaire.
Divergence sur les causes de l’accident
Les causes de l’effondrement citées divergent. Selon Fifi Massuka, la pluie aurait fragilisé le massif rocheux et provoqué le drame. Cette explication a également été avancée par Roy Kaumba Mayonde, le ministre provincial de l'Intérieur. Le 16 novembre, il a indiqué à la presse que l’accès au site avait été formellement interdit pour cause de fortes pluies et risques d’éboulement. Malgré l'interdit, les « creuseurs clandestins ont forcé l’entrée dans la carrière ». En traversant précipitamment le pont artisanal construit pour traverser une tranchée inondée délimitant le site, les creuseurs ont provoqué son effondrement, a-t-il expliqué.
Dans une autre version des faits, avancée par la société civile et certains creuseurs artisanaux, c’est plutôt un mouvement de panique provoqué par les militaires protégeant le site qui a été à l’origine de l’effondrement du pont. Pour disperser les mineurs rassemblés lors d’une dispute avec des soldats, ces derniers ont tiré des coups de feu. Dans la panique qui a suivi, le pont aurait cédé.
Tensions sur fond de gestion complexe du site
Le site minier est sujet à des tensions pour le contrôle de la production, selon des sources locales d’acteurs miniers. La complexité dans la gestion du site, conjuguée à la présence d’hommes en uniforme, crée un environnement hautement instable, souligne le Service d'assistance et d'encadrement de l'exploitation minière artisanale et à petite échelle (Saemape) dans plusieurs de ses notes techniques. Le ministre provincial de l’Intérieur s’est rendu en urgence sur le terrain pour tenter d’apaiser les tensions nées d’une manifestation spontanée des creuseurs, empêchant ainsi un embrasement général dans une région déjà fragilisée par les conflits autour de l’exploitation minière artisanale et semi-industrielle, rapporte la presse locale.
Pour sa part, la Direction provinciale du Saemape a demandé la suspension des activités pour permettre un état des lieux approfondi et d’éventuelles recherches de victimes, ainsi qu’une interdiction de creuser des tranchées pour sécuriser les sites. Les autorités devraient d’ailleurs mener une enquête pour déterminer les responsabilités.