Accusations d'ingérence : quand l'Ukraine, la France et l'Algérie sont pointées du doigt à l'ONU

À la tribune des Nations unies, Abdoulaye Maïga a défendu la Confédération des États du Sahel et dénoncé les ingérences étrangères, accusant l’Ukraine, la France et l’Algérie de soutenir le terrorisme dans la région. Dans un discours fort, il a appelé à une réforme profonde de l’ONU et à un respect total de la souveraineté des États africains.
Le 26 septembre, lors de la 80e session de l’Assemblée générale des Nations unies, le Premier ministre malien, Abdoulaye Maïga, a livré un discours sans concession, représentant la Confédération des États du Sahel (AES), composée du Mali, du Burkina Faso et du Niger.
Dès l’ouverture de son intervention, il a rappelé l’engagement panafricaniste et souverainiste des dirigeants de l’AES. Il a exprimé la volonté commune de ces pays de lutter ensemble contre le terrorisme.
Le Premier ministre a dénoncé ce qu’il appelle un « terrorisme instrumentalisé par des puissances étrangères » et a accusé certains États de fournir directement des armes, des drones et un soutien logistique aux groupes armés. Selon ses propos, « l’Ukraine est devenue l’un des principaux fournisseurs de drones kamikazes aux groupes terroristes ».
Il a accusé la France de soutenir, dans l’ombre, des groupes terroristes au Sahel, en qualifiant ce soutien de « manœuvre impérialiste ». Bamako avait déjà saisi le Conseil de sécurité de l’ONU en 2022 pour présenter des preuves contre Paris.
Dénonciation de l’Algérie et rupture avec la justice internationale
Autre cible du discours : l’Algérie. Le Premier ministre a vivement condamné la destruction d’un drone malien le 1er avril dernier par l’armée algérienne. Il a annoncé que le Mali avait saisi la Cour internationale de justice (CIJ), tout en accusant Alger d’avoir permis la planification d’attaques terroristes sur son sol. Il a exhorté Alger à « cesser de soutenir le terrorisme international ».
Sur le plan juridique, Abdoulaye Maïga a confirmé le retrait de l’AES du Statut de Rome de la Cour pénale internationale, effectif depuis le 22 septembre. Il a dénoncé l’instrumentalisation des droits humains par les puissances occidentales et indiqué que l’AES mettrait en place des mécanismes de justice endogènes.
Une vision panafricaniste, souverainiste et tournée vers l’avenir
Le Premier ministre a aussi présenté les ambitions économiques de l’AES, fondées sur la souveraineté, l’industrialisation, la diversification de l’économie et la création d’une Banque Confédérale pour l’Investissement et le Développement. Il a insisté sur la jeunesse du Sahel, ses ressources naturelles et la nécessité de sortir de la dépendance économique.
Sur le plan multilatéral, Abdoulaye Maïga a plaidé pour une réforme structurelle des Nations Unies. Il a soutenu la position africaine du Consensus d’Ezulwini, qui réclame deux sièges permanents et cinq non permanents pour le continent au Conseil de sécurité. Il a exigé que l’ONU devienne une organisation « fondée sur le droit, non sur la force ».
Le Premier ministre a déclaré que l’AES « ne demande pas l’aumône, mais appelle à la conscience ». Il a invité les Nations Unies à choisir le camp : de la vérité, de la souveraineté africaine et de la justice.