Banque africaine de développement : Sidi Ould Tah prend ses fonctions avec de grandes ambitions pour l’Afrique
Élu le 29 mai 2025 avec plus de 76 % des voix, le Mauritanien Sidi Ould Tah prend officiellement ses nouvelles fonctions ce 1er septembre à la présidence de la BAD. Premier dirigeant mauritanien à accéder à ce poste, il succède au Nigérian Akinwumi Adesina et se prépare à affronter de nombreux défis dans un contexte économique mondial tendu.
La cérémonie d’investiture est présentée comme un moment historique pour la Mauritanie et pour l’institution panafricaine. Diplomate et économiste, Sidi Ould Tah a bâti sa carrière à l’intersection de la diplomatie et de la finance. À la tête de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA) de 2015 à 2025, il a renforcé la crédibilité de l’institution, amélioré ses notations de crédit et porté son capital de 5 à 20 milliards de dollars en trois ans.
Son élection a été facilitée par une intense mobilisation diplomatique, appuyée notamment par la présidence tournante de l’Union africaine exercée par Mohamed Ould Ghazouani en 2024, ainsi que par le soutien de pays de la Ligue arabe.
Mobiliser 400 milliards par an
À la BAD, il entend concrétiser un programme ambitieux : mobiliser 400 milliards de dollars par an pour les infrastructures, transformer la croissance démographique en dividende économique grâce à l’investissement dans la jeunesse, et réformer l’architecture financière africaine pour renforcer la synergie entre institutions multilatérales.
L’industrialisation et la transformation locale des matières premières africaines occupent également une place centrale dans sa vision. « Il est crucial que l’Afrique développe son industrialisation et que ses matières premières soient transformées sur son sol », a-t-il déclaré.
Mais les défis s’annoncent considérables. Le retrait annoncé de 555 millions de dollars de l’aide américaine au Fonds africain de développement fragilise déjà les ressources destinées aux pays les plus vulnérables. Diversification des financements, mobilisation des ressources domestiques et résilience fiscale figurent ainsi parmi les priorités du futur président de la BAD.
Fort de son expérience internationale et de son réseau diplomatique, Sidi Ould Tah se présente comme un artisan d’une gouvernance financière africaine capable de conjuguer innovation, solidarité et influence sur la scène mondiale.