Nigeria : comprendre l’enjeu des 40 % d’armes légères illégales sur le territoire

Le Nigeria abrite 40 % des armes légères illégales d’Afrique de l’Ouest, un facteur qui alimente des formes de violence internes, selon le chef d’état-major des armées, Christopher Musa. Selon lui, cette réalité, liée aux fragilités régionales, appelle à une réponse fondée sur la coopération, la prévention et le développement à long terme.
Lors d’une conférence à l’Université d’Ibadan, le chef d’état-major des armées nigérianes, le général Christopher Musa, a tiré la sonnette d’alarme : le Nigeria détient à lui seul 40 % des armes légères et de petit calibre circulant illégalement en Afrique de l’Ouest. D'après lui, ces armes, en grande partie introduites clandestinement depuis les zones de conflit du Sahel et de l’Afrique du Nord, alimentent la terreur, la violence ethnique et le banditisme, notamment dans le nord du pays.
Le général a souligné que la sécurité du Nigeria était désormais profondément liée aux dynamiques d’instabilité mondiale. Selon lui, les États fragiles ne sont plus des cas isolés : leur effondrement pèse sur la paix régionale et mondiale. Le Nigeria, avec ses frontières poreuses et une gouvernance affaiblie dans certaines zones reculées, est devenu une cible facile.
Outre la prolifération des armes, le général Musa a évoqué d’autres menaces interconnectées : les chocs économiques, le terrorisme transfrontalier, les cyberattaques, mais aussi le changement climatique. À cela s’ajoute l’influence croissante de la désinformation en ligne, où des plateformes comme WhatsApp et Facebook servent aujourd’hui à propager la haine ethnique et à miner la confiance dans les institutions.
Face à ces défis multiples, le général appelle à une stratégie globale, s’appuyant sur plusieurs axes : une coopération accrue entre les agences de sécurité, une meilleure surveillance des frontières grâce aux technologies modernes, une collaboration renforcée avec les pays voisins pour freiner les flux d’armes et de combattants, ainsi qu’un investissement massif dans la jeunesse, l’éducation et l’économie locale.
En outre, il insiste sur un changement de paradigme : assurer la sécurité ne se résume plus à une réponse militaire. Cela exige une gouvernance réactive, un développement durable et des communautés résilientes. Le Nigeria, selon ses termes, doit s’adapter à cette nouvelle réalité, s’il veut relever le défi sécuritaire.