Kenya : bientôt un système d’étiquetage pour les produits emballés «malsains»
© Pixabay / ninastock
Face à une explosion des produits alimentaires trop sucrés, salés ou gras, le Kenya s’apprête à instaurer un étiquetage frontal d’avertissement. Une réponse aux taux d’obésité en forte hausse dans le pays.
Le Kenya a publié ce mois-ci son modèle de profil nutritionnel et s’est engagé à l’utiliser pour développer des étiquettes sur la face avant des emballages, rapporte Reuters le 1er juillet.
Le rapport, rédigé par l’organisation à but non lucratif Access to Nutrition Initiative (ATNI), révèle que, selon ces règles, 90 % des produits vendus par des entreprises internationales comme Coca-Cola et Nestlé, ainsi que par des entreprises locales telles que Brookside Dairy Ltd et Manji Foods Industries, contiennent trop de sel, de sucre ou de graisses saturées.
Environ deux tiers des produits seraient également considérés comme « malsains » sur la base de modèles internationaux comme le Nutri-Score, qui — contrairement au modèle kényan — prennent également en compte les nutriments bénéfiques.
Des produits moins sains dans les pays pauvres
ATNI a déjà mené des analyses similaires à l’échelle mondiale, notamment aux États-Unis et en Inde, mais les rapports sur le Kenya et la Tanzanie sont les premiers du genre réalisés en Afrique.
L’organisation a constaté l’an dernier que les produits vendus par les plus grandes entreprises agroalimentaires mondiales dans les pays pauvres étaient en moyenne moins sains que ceux vendus dans les pays riches.
ATNI estime qu’il est crucial d’étendre son travail en Afrique, en collaboration avec les gouvernements et les entreprises, à mesure que les habitudes alimentaires évoluent sur le continent et que l’obésité ainsi que les maladies non transmissibles liées à l’alimentation augmentent.
Au Kenya, les ventes de produits alimentaires transformés et emballés ont augmenté de 16 % entre 2018 et 2023, et les taux d’obésité chez les adultes ont triplé depuis 2000, avec 45 % des femmes et 19 % des hommes désormais en surpoids ou obèses, selon le rapport.
Un tournant critique
« Le Kenya est à un point de bascule : soit il suit l’exemple de pays comme les États-Unis, où l’on observe des niveaux très élevés d’obésité, soit il agit maintenant pour prévenir cela », a déclaré Katherine Pittore, responsable des politiques chez ATNI.
Elle ajoute que le modèle nutritionnel et l’engagement du gouvernement kényan à mettre en place un étiquetage d’avertissement font du Kenya l’un des premiers gouvernements africains à prendre de telles mesures, ce qui montre une réelle volonté d’agir.
ATNI s’est également dite préoccupée par le fait que plus des deux tiers des produits enrichis (comme les biscuits sucrés ou les yaourts contenant des vitamines et minéraux ajoutés) sont considérés comme malsains selon les modèles utilisés.
« Ces produits peuvent contribuer à combler certaines carences en micronutriments, mais ils peuvent aussi favoriser l’apparition de maladies non transmissibles », a déclaré Greg Garrett, directeur exécutif de l’ATNI.
Le rapport est basé sur 746 produits emballés commercialisés par les 30 plus grandes entreprises agroalimentaires au Kenya, représentant environ 57 % du marché formel des produits emballés.
