Le Ghana interdit le négoce de l’or artisanal aux étrangers sur son marché local

Dès le 1er mai prochain, le Ghana va interdire l’exploitation et le commerce de l’or artisanal aux étrangers, dans ce qui est considéré comme une étape décisive dans la gestion des ressources naturelles du pays qui vise l’accroissement de ses recettes nationales, la rationalisation du secteur minier et la protection de l’environnement.
Le Ghana, premier pays producteur d’or en Afrique et sixième au niveau mondial, a promulgué une nouvelle loi au début de ce mois d’avril qui confère l'exclusivité de l'exploitation aurifère dans le pays à un nouvel organisme public, le Ghana Gold Board (GoldBod). De ce fait, à partir du 1er mai prochain, il sera interdit à tous les étrangers d’exploiter et de commercer l’or artisanal ghanéen sur le marché local.
« Tous les étrangers sont par la présente priés de quitter le marché local de l'or au plus tard le 30 avril 2025 », a déclaré le porte-parole du GoldBod, Prince Kwame Minkah, dans un communiqué, cité par la BBC.
Encadrer et recentrer la chaîne de valeur de l’or artisanal
La mission du Ghana Gold Board sera d’encadrer l’ensemble de la chaîne de valeur de l’or artisanal dans le pays. La licence délivrée exclusivement par ce nouvel organisme accorde le droit légal d’exploiter et de commercer l’or produit par les petits mineurs agréés par l’État. Le métal précieux ghanéen sera aussi analysé, certifié, vendu et exporté exclusivement par Gold Board, annulant de ce fait les autorisations antérieures accordées par la Precious Minerals Marketing Company.
La création de GoldBod fait partie d’une réforme plus large promise, puis initiée, par le président ghanéen John Dramani Mahama pour recentraliser la chaîne de valeur aurifère autour d’acteurs ghanéens et en finir avec l’exploitation de l’or par les sociétés étrangères.
La lutte contre la contrebande, les dommages environnementaux et les pertes fiscales associées à l’exploitation aurifère illégale sont dans le collimateur de la réforme. L’enjeu pour le Ghana est de renforcer les réserves de change, de stabiliser la monnaie locale (le cédi) et de protéger les ressources nationales.
Un manque à gagner important pour les caisses de l'État
La conjoncture économique difficile, la hausse des prix de l'or et le chômage des jeunes ont grandement contribué à la prolifération des exploitations minières illégales au Ghana. Selon les experts de l'organisation de coopération et de développement Swissaid, cités par RFI, en 2023, les mines artisanales du Ghana ont produit et déclaré 34 tonnes d'or, sauf que la production réelle faisait le double. Cela constitue un manque à gagner énorme pour l’État qui peine à résoudre ses problèmes économiques, d’où la décision de cibler les compagnies et les entrepreneurs chinois, qui disposent d’une large part de l’orpaillage artisanal dans le pays.