RDC : le M23 envisage d’instaurer un système financier parallèle

Deux mois après avoir pris le contrôle de la ville de Goma dans l'est de la République démocratique du Congo, le Mouvement du 23 mars cherche à mettre en place un système financier parallèle.
Depuis que la ville de Goma est tombée le 26 janvier dernier aux mains du M23, les autorités de Kinshasa ont ordonné la fermeture de toutes les banques dans la région. De son côté, le groupe armée soutenu par Kigali a décidé d’instaurer son propre système financier afin de pallier cette crise financière et bancaire.
À Goma, ville de plus d’un million d’habitants, les guichets bancaires restent fermés, les devises se font de plus en plus rares et l'économie locale subit de fortes perturbations. Selon RFI, cette situation a engendré une instabilité économique majeure, compliquant davantage la vie des habitants dans un contexte déjà marqué par l'insécurité.
En effet, depuis la fermeture des guichets bancaires, certains habitants de Goma ont recours aux transferts électroniques pour effectuer leurs transactions. Cependant, les opérations traditionnelles comme les dépôts et retraits en agence sont désormais impossibles.
Toujours selon RFI, le M23 aurait prévu d'établir une institution parallèle baptisée «Autorité de régulation du secteur économique, financier et des assurances». Cette entité est déjà formée sur le papier et aurait pour rôle de fonctionner comme une banque centrale dans les zones sous son contrôle. Elle permettra aussi de structurer et de réguler le système économique local, en remplacement des institutions financières traditionnelles absentes de ces régions.
La proposition du M23 fait face à plusieurs défis, selon des experts
D'après RFI, le M23 aurait également exprimé son intention de vouloir relancer la Cadeco, une institution financière congolaise quasi inactive, selon plusieurs experts.
Pour sa part, la rébellion a désigné une direction parallèle dans le but d’en faire la principale banque de sa zone de contrôle, où les recettes fiscales collectées par le M23 seraient déposées.
S’exprimant à RFI, des experts ont expliqué que ce projet rencontre plusieurs défis importants, à savoir l’absence de liens avec des banques partenaires internationales et les restrictions imposées par le GAFI, l’organisme international de lutte contre le blanchiment d’argent. Ces déclarations font suite aux instructions données aux changeurs de monnaie et aux commerçants locaux pour l'ouverture de comptes au sein de cette nouvelle structure.
Il convient de rappeler que le conflit dans l’est de la RDC a contraint plus de 100 000 personnes à fuir vers les pays voisins en moins de trois mois, selon les Nations unies.