La RDC accuse le Rwanda de chercher à renverser le gouvernement du président Tshisekedi, devant le Conseil de sécurité de l'ONU

Dans son allocution devant le Conseil de sécurité de l’ONU la chef de la diplomatie congolaise a dénoncé les actions du Rwanda et des rebelles du M23 dans l'est de la RDC, qu’elle a imputé à une volonté de renverser un gouvernement «démocratiquement élu», saluant au passage les actions prises par le Parlement européen, la CDH et la CPI.
La ministre des Affaires étrangères de la RDC, Thérèse Kayikwamba, a accusé le Rwanda, dans son allocution devant le Conseil de sécurité des Nations unies, prononcée dans la journée du mercredi 19 février, de vouloir renverser le gouvernement «démocratiquement élu» de Kinshasa par la force des armes, en soutenant notamment les rebelles de l'Alliance du fleuve Congo (AFC/M23).
La chef de la diplomatie congolaise a pointé l’inaction du Conseil de sécurité qui n’a pas pris de mesures contre le Rwanda pour prévenir de nouveaux massacres.
«Ce Conseil, toujours inactif, est le seul capable d'empêcher de nouveaux massacres et l'expansion de l'occupation. Il lui revient d'adopter des mesures robustes qui non seulement arrêtent les violences perpétrées par les troupes rwandaises et leurs supplétifs du M23 mais aussi mettent un coup d'arrêt au soutien d'un État membre de l'ONU à un groupe terroriste cherchant à renverser un gouvernement légitime et démocratiquement élu», a dénoncé la ministre congolaise.
Selon Thérèse Kayikwamba, ce conflit est «un projet politique porté par le Rwanda à travers le M23 et l'AFC visant à renverser notre régime par la force».
«Le choix de la démocratie»
Dans son allocution, la chef de la diplomatie congolaise a souligné le choix d’une démocratie en construction des Congolais, «La République démocratique du Congo a fait le choix de la démocratie, une démocratie en construction certes, mais la nôtre. Nous avons choisi la liberté sous un régime civil et non la soumission aux armes, nul ne peut nous arracher ce choix», a-t-elle affirmé.
Elle a opposé le régime basé sur «la volonté populaire», adopté par la RDC, à ce qu’elle a qualifié de «régime qui ne survit que par la force et l'intimidation et la répression», qui tente de s’imposer dans le pays.
Thérèse Kayikwamba a souligné que le peuple congolais «refuse la loi des armes», et de conclure qu’il «veut choisir ses dirigeants dans les urnes et non sous la menace des canons, il refuse d'être la génération sacrifiée d'une violence imposée de l'extérieur».
Des mesures contre les exactions et les crimes perpétrés dans l’est de la RDC
La ministre congolaise des Affaires étrangères a salué la décision du Conseil des droits de l’homme de l’ONU (CDH) sur l’ouverture d’une «enquête sur les exactions dans l’est de la RDC», ainsi que l’appel de la Cour pénale internationale (CPI) pour recueillir des éléments de preuve sur ces crimes afin de traduire les responsables en justice.
Thérèse Kayikwamba a exprimé l’appui de son pays à la résolution du Parlement européen demandant la «suspension de l’accord sur les matières premières entre l’Union européenne (UE) et le Rwanda, signé en février 2024, alors que Kigali armait le M23».
Il est à noter que le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni en urgence pour discuter de la situation en République démocratique du Congo, qui a réitéré l’appel à des sanctions contre les rebelles du M23 et contre le Rwanda qui les soutient. La réunion, qui a duré plus de trois heures, s’est achevée sans qu’une décision concrète ne soit prise.