Escalade dans l’est de la RDC : les casques bleus engagés sur le front, l’ONU craint une guerre régionale

Escalade dans l’est de la RDC : les casques bleus engagés sur le front, l’ONU craint une guerre régionale© MONUSCO
Des combattants du M23 se dirigent vers Goma, en République démocratique du Congo (photo d'archives).
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Le chef de l’ONU condamne la nouvelle offensive des rebelles du M23 dans l’est de la RDC, dénonçant la présence de troupes rwandaises et craignant une guerre régionale. Sur le front, les casques bleus de la Monusco continuent d’appuyer les forces armées de Kinshasa.

Les combats s’intensifient ces derniers jours dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) entre les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, et les forces armées congolaises (FARDC), appuyées par les casques bleus de l’ONU, déployés dans le cadre de la Mission des Nations unies dans ce pays (Monusco).

Dans un communiqué, la Monusco a indiqué le 24 janvier que ses forces d’élite étaient «activement engagées dans des combats intenses» en soutien aux FARDC, soulignant que son artillerie lourde avait mené des missions de tir contre les positions du M23 à Saké et repositionné ses forces dans des lieux stratégiques afin de renforcer les positions défensives dans et autour de Goma.

Ces derniers jours, le M23 a réalisé une percée face à l’armée du gouvernement de Kinshasa dans la province du Nord-Kivu. Le groupe armé aurait également pris, le 21 janvier, le contrôle de Minova, une ville du Sud-Kivu située à un carrefour stratégique le long de la route vers Goma, l’une des principales métropoles du pays.

Les médias locaux font état d’une dangereuse escalade depuis trois jours dans le Nord-Kivu, qui a provoqué des dizaines de morts et de blessés sur le front ainsi que, notamment, le décès du gouverneur de la province, Peter Cirimwami, «tué sur le champ de bataille» le 23 janvier.

Les affrontements, qui se poursuivent toujours sur au moins deux fronts autour de la ville de Goma, ont provoqué par ailleurs la fermeture des établissements éducatifs ainsi que des coupures d’eau, d’électricité, d’internet et des réseaux téléphoniques dans plusieurs localités.

Afin d’organiser la riposte contre l’avancée du M23, le président Félix Tshisekedi a présidé le 24 janvier au soir un Conseil supérieur de la Défense, réunissant notamment la Première ministre, Judith Suminwa Tuluka, ainsi que les ministres de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, et de la Défense, Guy Kabombo Muadiamvita et les principaux responsables sécuritaires et militaires du pays.

Antonio Guterres «profondément troublé» par la présence de troupes rwandaises

Face à cette escalade, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est dit alarmé par la reprise des hostilités dans l'est de la RDC, condamnant la nouvelle offensive lancée par les rebelles du M23 depuis le début de l'année au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, y compris, la récente prise de Sake qui aggrave les menaces sur la ville de Goma.

«Cette offensive a des effets dévastateurs sur la population civile et a accru le risque d'une guerre régionale plus large», a noté son porte-parole dans une déclaration à la presse le 23 janvier. Le chef de l’ONU a ainsi appelé le M23 à «cesser immédiatement son offensive», à «se retirer de toutes les zones occupées» et à «respecter l'accord de cessez-le-feu du 31 juillet 2024».

Le secrétaire général s’est dit «profondément troublé» par le dernier rapport du groupe d'experts créé en vertu de la résolution 1533 du Conseil de sécurité, concernant la présence de troupes rwandaises sur le sol congolais et leur soutien continu au M23. Il a appelé tous les acteurs à respecter la souveraineté et l'intégrité territoriale de la RDC et à mettre fin à toute forme de soutien aux groupes armés, qu'ils soient congolais ou étrangers.

Processus de Luanda

Antonio Guterres a réaffirmé par ailleurs son «soutien indéfectible» aux efforts de paix déployés par le président angolais Joao Lourenço pour désamorcer les tensions entre la RDC et le Rwanda, exhortant les parties à rester engagées dans le processus de Luanda et à maintenir l'élan vers la neutralisation du groupe armé des FDLR et le retrait des forces rwandaises, ainsi que vers l'opérationnalisation rapide du mécanisme de vérification ad hoc renforcé.

Alors que l’armée de la RDC (FARDC) tente de contenir les rebelles, les efforts diplomatiques, tels que le processus de Luanda, peinent à produire des résultats concrets face à l'absence de coopération du Rwanda. Ce dernier, accusé de soutenir logistiquement et militairement le M23, a refusé de participer à une réunion tripartite le 15 décembre dernier, censée établir une feuille de route vers la paix.

Les autorités de la RDC accusent le Rwanda de soutenir le M23 en lui fournissant des armes et en déployant des troupes dans la province du Nord-Kivu. Kigali nie cela, affirmant ne prendre que des mesures défensives, et accuse à son tour Kinshasa de soutenir les militants des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).

La RDC est confrontée depuis plusieurs années à une guerre ravageuse provoquée par la rébellion du M23, actif au Nord-Kivu, dans l’est du pays. Le groupe armé a été créé en 2012 par des officiers entrés en rébellion contre le gouvernement central.

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