Algérie : une crise de l'eau secoue la région de Tiaret, dans l’ouest du pays
Comme de nombreux pays, l’Algérie fait face, depuis plusieurs années, à des problèmes de gestion des ressources hydriques, à des pénuries d'eau et à des problèmes d'approvisionnement en eau potable, qui s’inscrivent au cœur de la crise climatique mondiale et du réchauffement de la planète.
Des rapports de presse ont fait état d’une «grave» pénurie d’eau qui aurait secoué, durant les jours de l’Aïd Al-Adha, la région de Tiaret, dans l’ouest du pays. Une dépêche de l’Agence France-Presse (AFP) a rapporté, le 17 juin, que des manifestations populaires avaient éclaté les deux premiers jours de l’Aïd Al-Adha dans plusieurs régions de la province de Tiaret, à l’ouest de l’Algérie, en raison de l’incapacité des autorités à résoudre la pénurie d’eau potable qui perdure depuis plusieurs mois.
L’AFP, qui cite «plusieurs comptes sur les réseaux sociaux», évoque des «manifestations et blocages de routes» pour protester contre une «grave» pénurie d’eau potable dans cette région. Début juin, des manifestations avec des pneus brûlés et des barrages routiers avaient déjà eu lieu près de Tiaret, ajoute l’AFP citant «des images sur les réseaux sociaux».
Aucun média algérien, ni public ni privé, n’en a fait état.
Seul le site électronique TSA avait alerté, dans un article publié le 6 juin, sur une crise d’eau dans cette région de Tiaret, qui «tirait la sonnette d’alarme», rapportant que le sujet avait été traité au niveau du Conseil des ministres le 2 juin.
Les «excuses» du ministre de l’Hydraulique
Le média algérien rapportait que ce Conseil des ministres avait mis en œuvre «un plan d’urgence» afin de «mettre fin à ces coupures d’eau» et que les deux ministres de l’Intérieur et de l’Hydraulique en eau s'étaient rendus le 3 juin à Tiaret.
Selon TSA, le président Tebboune avait ordonné au gouvernement de régler le problème dans un délai de «48 heures». Quant au ministre de l’Intérieur, il avait promis que l’eau coulerait à flots à Tiaret «avant l’Aïd-el-Kébir».
Lors de sa visite à Tiaret, le ministre de l’Hydraulique, Taha Derbal, s'est excusé auprès aux habitants. «Je présente mes excuses, parce que cela ne fait pas partie de nos traditions […] Le président de la République a toujours donné des instructions fermes pour prendre en charge le service public», a-t-il déclaré, en reconnaissant des retards dans la réalisation de certains projets.
Depuis trois ans, relate TSA, la wilaya, ou région, de Tiaret connaît une «grave» pénurie en eau qui affecte la plupart des communes.
Le média précise que le barrage de Bekhedda assurait «80% de l’approvisionnement en eau», mais que «du fait de la sécheresse qui a frappé ces dernières années cette wilaya et de nombreuses régions d’Algérie», ses réserves ne permettaient plus aucun approvisionnement.
Selon TSA, les habitants de certaines de ces communes n’ont plus accès à l’eau, «si ce n’est qu’une fois toutes les semaines», et dans certains cas, «qu’une fois tous les 15 jours».
Gestion des ressources hydriques
Comme plusieurs pays, l’Algérie fait face, depuis plusieurs années, à des problèmes de gestion des ressources hydriques, à des pénuries d'eau élevées et à des problèmes d'approvisionnement en eau potable, qui s’inscrivent au cœur de la crise climatique mondiale et du réchauffement de la planète.
En 2017, la commune de Hamadia et ses 30 000 habitants ont connu un manque sévère en eau. Pourtant, celle-ci se situe à proximité de Rechaïga, une région particulièrement riche en eau.
Ce paradoxe est expliqué par le directeur régional des ressources en eau qui indiquait, en 2021 dans la presse locale, que le manque d’eau à Hamadia était dû «à la surexploitation de l’eau souterraine, vu le nombre très important de forages destinés à l’irrigation agricole».
En 2021, le ministère des Ressources en eau et de la Sécurité hydrique indiquait que sur les 11,2 milliards de m³ disponibles annuellement, 7,3 milliards étaient consacrés à l’agriculture, soit plus de 70%.
Pour pallier cette pénurie d’eau, le gouvernement avait annoncé, en 2023, un programme de dessalement de l’eau de mer, salué par la presse du pays, qui a réclamé néanmoins d’autres mesures pour lutter face à cette problématique qui s’aggrave d’année en année.