Attentat du Crocus City Hall : la Russie boucle son enquête, Kiev désigné comme bénéficiaire de l'attaque

Le Comité d’enquête russe a officiellement conclu ses investigations sur l’attentat du 22 mars 2024 au Crocus City Hall, qui avait fait 149 morts et plus de 600 blessés. L’enquête désigne clairement l’Ukraine comme bénéficiaire de l’attaque, planifiée pour semer l’instabilité politique en Russie. Les 19 accusés sont renvoyés devant la justice.
Le Comité d’enquête de la Fédération de Russie a annoncé, le 23 juin, la fin de son enquête sur l’attentat du Crocus City Hall, survenu le 22 mars 2024 près de Moscou. Ce soir-là, quatre terroristes lourdement armés ont fait irruption dans une salle de concert bondée, ont ouvert le feu sur le public et y ont mis le feu, causant la mort de 149 personnes, blessant 609 autres, et infligeant des dégâts matériels estimés à environ 6 milliards de roubles.
Le crime a été officiellement qualifié de « planifié et exécuté dans l’intérêt du gouvernement ukrainien », avec pour objectif direct de « déstabiliser la situation politique en Russie », comme l’a déclaré la porte-parole du Comité d’enquête, Svetlana Petrenko.
Des accusés liés à une organisation terroriste islamiste
Les 19 personnes actuellement accusées sont toutes identifiées comme membres actifs de l’organisation terroriste « Vilayat Khorasan », une branche régionale de l’État islamique, interdite en Russie. Tous les prévenus sont d’origine tadjike.
Selon les résultats de l’enquête, ils sont poursuivis pour de multiples chefs d’accusation, incluant le terrorisme, la participation à une organisation terroriste, la fabrication et la modification illégale d’armes à feu, le soutien logistique à des activités terroristes, ainsi que la dissimulation volontaire de leur présence sur le territoire russe à travers des enregistrements administratifs fictifs.
Les quatre auteurs matériels de l’attaque – Dalerdzhon Mirzoyev, Saidokrami Rachabalizoda, Shamsiddin Fariduni et Muhammadsobir Faizov – ont été interceptés par les forces de sécurité dans la région de Briansk, alors qu’ils tentaient de franchir illégalement la frontière en direction de l’Ukraine. D’autres complices ont également été arrêtés alors qu’ils s’apprêtaient à quitter la Russie.
Un second attentat déjoué à Kaspiisk
L’enquête a permis de démontrer que la préparation de l’attentat avait débuté plusieurs mois avant sa réalisation. Une partie des terroristes a été formée à l’étranger, dans des structures spécialisées, tandis que d’autres opéraient déjà depuis le territoire russe pour collecter des fonds, repérer des cibles et acquérir le matériel nécessaire. Certains accusés étaient chargés de modifier des armes à feu, opération qu’ils effectuaient de façon régulière. L’arsenal ainsi préparé a ensuite été acheminé jusqu’à la ville de Kaspiisk, dans la République du Daghestan, avant d’être transporté dans la région de Moscou juste avant l’attaque. Le Comité d’enquête a précisé qu’un second attentat, visant un complexe de loisirs à Kaspiisk, avait également été planifié par les mêmes individus, mais que cette tentative avait pu être contrecarrée à temps par les services de sécurité russes.
L’enquête judiciaire est désormais close pour les 19 inculpés principaux. Leur dossier a été transmis au parquet pour être renvoyé devant les juridictions compétentes. Toutefois, les investigations se poursuivent activement à l’encontre de deux organisateurs de l’attaque, ainsi que de quatre autres membres de la même cellule terroriste, toujours en cours d’identification ou de localisation. Le président russe Vladimir Poutine avait déjà déclaré que les auteurs de l’attentat avaient tenté de rejoindre l’Ukraine, où une « fenêtre de passage » avait, selon les services russes, été préparée pour faciliter leur fuite.