Annonce de la fermeture de Pervy Kanal en Allemagne : Zakharova promet des «mesures de représailles»
La chaîne de télévision Pervy Kanal a annoncé ce 27 novembre que les autorités allemandes avaient décidé de fermer son bureau dans le pays. Deux journalistes vont quitter l'Allemagne d'ici mi-décembre. La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a déclaré que des «mesures de représailles» seraient annoncées dans la journée.
«Des mesures de représailles seront annoncées aujourd'hui», a déclaré ce 27 novembre à l'agence TASS la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova. Cette réaction de la diplomate fait suite à l'annonce par Pervy Kanal, plus tôt dans la matinée, de la fermeture de son bureau en Allemagne, décidée par les autorités du pays.
Le correspondant Ivan Blagoï et le caméraman Dmitri Volkov ont reçu l'ordre de quitter l'Allemagne, a indiqué la chaîne russe. «Vous pouvez parler, mais seulement de ce qui correspond à la ligne politique adoptée en Occident», a déclaré la chaîne, sur son site, qualifiant cette décision de «liberté d'expression à l'européenne».
«Dans la première moitié de décembre, Ivan Blagoï et Dmitri Volkov quitteront le territoire de la RFA. Cette décision est motivée par les intérêts de la politique de sécurité de la République fédérale d'Allemagne», a déclaré Blagoï, se référant à un document qu'il aurait reçu des autorités allemandes et dont Pervy Kanal a diffusé des extraits à l'antenne.
Selon ce document, cité par la chaîne, «les activités de Pervy Kanal constituent une menace significative et immédiate pour l'ordre public et la sécurité en Allemagne et dans l'Union européenne, car elles constituent une menace pour l'opinion publique et le processus de prise de décision dans les États membres».
Selon Blagoï, la décision en question a été reçue la veille, le 26 novembre. Selon le correspondant celle-ci ferait suite à un reportage de la chaîne concernant l'arrestation à Kaliningrad d'un citoyen allemand d'origine ukrainienne, Mykola Haidouk. Celui-ci est impliqué, selon le FSB, dans le sabotage d'une station de distribution de gaz à Kaliningrad au mois de mars et aurait agi pour le compte des services ukrainiens.
Les médias russes et leurs journalistes, cibles de toujours plus de restrictions
Cette fermeture de Pervy Kanal en Allemagne s'inscrit dans un contexte coercitif grandissant en Occident à l'égard des médias russes. Fin octobre, Maria Zakharova avait relaté au micro de Sputnik qu'une équipe de tournage d'Izvestia avait été retenue à l'aéroport de Washington alors qu'elle se rendait aux États-Unis pour couvrir l'élection présidentielle.
Bien que ces journalistes aient suivi «toutes les procédures, obtenu les visas et les permis», avait-elle déclaré, ceux-ci ont été soumis à un interrogatoire de «plusieurs heures» et l'un d'eux n'a pas pu franchir la frontière. La décision a été justifiée par des «raisons administratives», a rapporté la représentante du ministère russe des Affaires étrangères.
Début septembre, brandissant «des tentatives de Moscou d'influencer l'élection présidentielle», le département du Trésor américain avait imposé des sanctions contre le groupe de médias Rossia Segodnia et ses filiales RIA Novosti, RT, Sputnik et Ruptly. La rédactrice en chef de RT, Margarita Simonian, ainsi que plusieurs cadres de la chaîne ont également été ciblés par ces restrictions américaines. Le même mois, sur fond de ces accusations de Washington, Meta avait banni RT et le groupe de médias Rossia Segodnia de ses applications.
En juillet, lors des Jeux olympiques de Paris, trois reporters et un photographe de l'agence TASS, s'étaient vu retirer leur accréditation durant les Jeux. Des retraits qualifiés d'«inacceptables» par le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, dénonçant une «atteinte à la liberté des médias».
«Nous avons refusé des "journalistes" en grand nombre, qui prétendaient couvrir les Jeux», avait déclaré, le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, lors d'une interview accordée au Journal du Dimanche, alors qu'il était interrogé sur les «demandes russes» d'accréditations.