Koursk : point sur la situation au cinquième jour de combats
La Défense russe a annoncé ce 10 août avoir repoussé plusieurs tentatives de percées ukrainiennes dans la région de Koursk. Le Comité national antiterroriste a annoncé l’instauration d’un régime «antiterroriste» dans la région de Koursk, ainsi que dans celle de Belgorod et de Briansk, également frontalières de l’Ukraine.
Les combats se poursuivent pour la cinquième journée consécutive dans la région de Koursk. Ce 10 août en milieu de journée, la Défense russe a revendiqué avoir éliminé «jusqu'à 1 120 militaires et 140 véhicules blindés» ukrainiens dans cette région frontalière, cible d’une offensive de Kiev depuis le matin du 6 août. Ce sont ainsi 175 militaires et 38 blindés qui sont venus s’ajouter au décompte annoncé la veille par la Défense russe.
Celle-ci déclare avoir empêché les «tentatives de percée dans la profondeur du territoire russe» des «groupes mobiles ennemis», évoquant l’arrivée de réserves, des frappes aériennes ainsi que des tirs d'artillerie «dans les régions d'Ivachkovsky, Malaïa Loknia et Olgovka».
Plus tard dans la journée, diffusant une vidéo, le ministère a annoncé la destruction d’un poste de commandement de la 22e brigade mécanisée ukrainienne à l’aide d’un missile semi-balistique Iskander-M. Le poste de commandement, qui abritait 15 personnes, a été détruit, a ajouté la Défense russe. Elle a également revendiqué l’élimination d'une quinzaine de combattants en frappant un «point de déploiement temporaire de mercenaires étrangers» dans la banlieue de Soudja à l’aide d’une arme thermobarique.
Face à cette tentative ukrainienne «sans précédent pour déstabiliser la situation dans plusieurs régions de notre pays», le Comité national antiterroriste (CNA) russe a annoncé dans la soirée du 9 août l’instauration d’un régime d'opérations antiterroristes dans les régions frontalières de Belgorod, Koursk et Briansk.
Instauration d’un régime d'opérations antiterroristes à Belgorod, Briansk et Koursk.
«Afin d'assurer la sécurité des citoyens et de supprimer les menaces d'actes terroristes de la part des forces de sabotage et de reconnaissance ennemies, le président du Comité national antiterroriste, directeur du FSB de Russie A.V. Bortnikov, a décidé d'organiser des opérations antiterroristes à Belgorod, Briansk et Koursk à partir du 9 août 2024», stipule cet organe de coopération interministériel dans son communiqué. Celui-ci y souligne que «l'attaque terroriste», menée par les forces de Kiev, a «fait des victimes civiles et a détruit des bâtiments résidentiels et d'autres biens civils».
«Les militants ukrainiens pourraient tenter d'attaquer la région de Belgorod. Désormais, les réserves prêtes au combat des forces armées ukrainiennes ont été repliées vers ses frontières», a pour sa part déclaré à Ria Novosti Vladimir Rogov, président de la Commission de la Chambre publique de la Fédération de Russie sur les questions de souveraineté et coprésident du Conseil de coordination pour l'intégration des nouvelles régions.
Celui-ci a signalé la présence dans les rangs ukrainiens des «SS Bears», une unité de sabotage et d’assaut qui arbore l’étendard rouge et noir des ultranationalistes ukrainiens de l’OUN, frappé de la devise de la SS «Meine Ehre heisst Treue» («Mon honneur, c'est ma fidélité», en allemand). La présence d’autres unités des forces de Kiev a été évoquée, à l’instar de Légion nationale géorgienne, une unité de volontaires géorgiens combattants pour Kiev, reconnue depuis juin comme une organisation terroriste par la Russie et dont la présence à Koursk est relevée par le portail américain The War Zone.
En fin de matinée, le média russe Rybar a rapporté que les Ukrainiens, qui tiennent la banlieue ouest de Soudja, concentrent des forces supplémentaires dans les territoires qu’ils occupent à Koursk.
Selon la même source, un assaut ukrainien sur le village de Plekhovo, à une dizaine de kilomètres au sud de Soudja, a été repoussé dans la matinée. Au nord-est, l’armée russe a repris Martynivka. Toujours d’après Rybar, un groupe constitué d’une quinzaine de blindés, dont deux véhicules de combat d’infanterie M2 Bradley américains, a été repoussé au sud de Kaoutchouk, un village situé à une quarantaine de kilomètres au nord de Soudja, après avoir quitté le village de Malaya Loknya, situé à mi-distance entre les deux localités.
Dans une vidéo publiée le 9 août par la chaine Telegram WarGonzo, Apti Alaoudinov, Commandant du bataillon tchétchène «Akhmat», évoque «des tactiques en petits groupes» employées par les Ukrainiens dans la région, «déjà testées par les Britanniques au Karabakh, ce qui prouve une fois de plus la participation étrangère à la planification de cette opération». Le même jour, cette chaine Telegram a également affirmé que la Brigade internationale «Piatnachka», une unité russe principalement constituée de volontaires abkhazes, était présente sur zone.
Inquiétudes autour de la centrale de Koursk, l’AIEA appelle à «une retenue maximale»
Bien plus à l’est, dans la ville de Kourtchatov, la situation de la centrale nucléaire de Koursk inquiète, tant son opérateur, Rosatom que l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Lors d’un échange téléphonique dans la soirée du 9 août entre le patron de la société russe, Alexeï Likhatchov et celui de l’AIEA Rafael Grossi, les deux hommes ont discuté de l’aggravation de la situation autour de la centrale.
La partie russe a ainsi rapporté que des fragments de missiles abattus avaient été retrouvés sur le site de la centrale «y compris dans la zone du complexe de traitement des déchets radioactifs», précise le communiqué de Rosatom.
«En raison des actions du régime de Kiev dans la soirée du 9 août, le poste de transformation a été désactivé, raison pour laquelle la ville de Kourtchatov, la plus proche de la centrale nucléaire de Koursk, s'est retrouvée sans électricité», a ajouté la même source. Sur sa chaine Telegram, le gouverneur de la région Alexeï Smirnov a fait état d’une «chute de débris» d’un drone ukrainien sur un poste de transformation, coupant l’alimentation de cette ville qui abrite la centrale nucléaire.
Dans un communiqué, le Directeur général de l'AIEA a appelé «toutes les parties à faire preuve d’une retenue maximale afin d'éviter un accident nucléaire susceptible d'avoir de graves conséquences radiologiques». Selon le service de presse de la centrale, cité en début de soirée par l'agence de presse Ria Novosti, tout «fonctionne normalement» avec des niveaux de radiation habituels.
Le 6 août, la Défense russe avait déclaré avoir repoussé une tentative d'incursion ukrainienne près des villages de Nikolaïevo-Darino et d’Olechnia, dans la région de Koursk, menée à l'aide d'environ 300 combattants. Le lendemain, lors d’un point avec Vladimir Poutine, le chef d’état-major de l’armée russe, le général Valéri Guérassimov, avait porté l’ampleur de cette offensive à «1 000 hommes», déclarant que les forces russes étaient parvenues à arrêter «la progression de l’ennemi dans la profondeur du territoire russe dans le secteur de Koursk».