Sept pèlerins russes décèdent à La Mecque, le «hajj parallèle» pointé du doigt
Sept citoyens russes sont morts pendant le hajj en Arabie saoudite, a déclaré la mission russe à La Mecque, alors que plus de 1 100 pèlerins de différentes nationalités ont perdu la vie, dont plus de la moitié n'étaient pas munis d'autorisations pour ce rassemblement annuel.
«Les données définitives ont été obtenues» : sept décès ont été enregistrés dans les rangs des pèlerins de Russie, d’après le décompte officiel des autorités russes.
Dans une déclaration à RIA Novosti, le chef de la mission russe Khizboulla Assouïev a assuré que ces décès étaient dus à des «causes naturelles», précisant que «seulement deux d'entre eux ont été enregistrés comme pèlerins».
Les autres «avaient des visas touristiques ordinaires avec lesquels, selon la loi saoudienne, il est impossible d'accomplir le hajj», a-t-il déploré, soulignant que l'Arabie saoudite avait introduit des «règles strictes» pour le séjour des pèlerins, «précisément pour qu'il y ait de l'ordre et de la discipline».
Pèlerins «illégaux»
Cette annonce intervient après la mort de plus d'un millier de pèlerins lors du grand pèlerinage musulman tenu en Arabie saoudite sous des chaleurs caniculaires, dont plus de la moitié n'étaient pas munis d'autorisations pour ce rassemblement annuel.
«Hélas, il y a encore des violations» côté russe, déplore Assouïev, regrettant que certains de ces pèlerins «illégaux» soient morts à cause d'une insuffisance cardiaque alors que d'autres n'aient pas pu supporter les longues randonnées. Le responsable a expliqué que ces pèlerins illégaux sont obligés de parcourir de nombreux kilomètres, afin de contourner la police saoudienne.
Assouïev a mis l’accent, dans ce sens, sur la nécessité de se rendre au hajj seulement par la voie officielle. Le responsable faisait référence aux permis de participation au hajj qui sont attribués aux pays selon un système de quotas, mettant en garde contre la participation «illégale» au hajj, qui présente selon lui «un grand risque pour la santé et la vie d'un croyant».
Selon lui, les pèlerins morts sont des habitants du Daghestan et de la région de Moscou.
Erreur d’appréciation
Début juin, l'Arabie saoudite a annoncé que ses forces avaient refoulé de La Mecque plus de 300 000 pèlerins non enregistrés, dont 153 998 étrangers entrés dans le royaume avec des visas de tourisme, sans passer par les circuits officiels.
Il semble cependant qu'un grand nombre de pèlerins sans autorisation aient réussi à participer aux rituels qui se sont déroulés sur plusieurs jours, dans des conditions particulièrement éprouvantes.
«Nous pouvons estimer le nombre de pèlerins non enregistrés à environ 400 000», a déclaré un responsable saoudien, cité par l’AFP, jugeant que le Royaume saoudien «n’a pas failli» dans sa gestion du hajj.
«Il y a eu une erreur d'appréciation de la part des gens qui n'ont pas mesuré les risques encourus», a-t-il expliqué, ajoutant que ces décès s’inscrivaient dans un contexte de «conditions météorologiques difficiles et de températures très sévères».
Les agences de voyage dans le collimateur
Selon un décompte établi le 21 juin par l'AFP, à partir de déclarations officielles et d'informations fournies par des diplomates, le bilan des décès à la Mecque s’évalue à plus de 1 100 morts, dont plus de la moitié en provenance d'Égypte.
Une source a indiqué à l’agence de presse que parmi les Égyptiens décédés au cours de cette saison, 630 étaient dépourvus d'autorisations officielles pour le pèlerinage. Les autorités égyptiennes ont ordonné la révocation des licences de seize sociétés touristiques et le renvoi de leurs responsables devant le parquet pour «fraude», après avoir fait voyager des pèlerins illégalement vers La Mecque, en Arabie saoudite.
En Tunisie, le ministre des Affaires religieuses a été limogé le 21 juin par le président Kaïs Saïed dans la foulée de l’annonce de la mort de 53 pèlerins tunisiens à La Mecque. Par voie de communiqué, le ministère tunisien des Affaires étrangères avait précisé que la plupart des personnes décédées étaient arrivées «avec un visa touristique ou de visite ou de Omra». Les médias locaux ont, par ailleurs, dénoncé un «pèlerinage parallèle», et plusieurs citoyens ont désigner les agences de voyage pour responsables.