Au sommet de l’OSCE, Sergueï Lavrov dénonce une institution «utilisée au bénéfice de l’OTAN»
Ce 30 novembre a lieu le conseil des ministres des Affaires étrangères de l'OSCE, à Skopje en Macédoine. La délégation russe est représentée par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui a regretté l'incapacité de l'organisation à s'adapter aux défis d'aujourd'hui.
«L’OSCE est une organisation dont les perspectives aujourd’hui ne sont pas claires», a introduit ce 30 novembre Sergueï Lavrov, lors de la réunion du conseil des ministres des Affaires étrangères de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. «Après la Guerre froide, elle constituait une chance très importante de concertation internationale, avec une architecture inclusive basée sur l’égalité», a regretté le chef de la diplomatie russe.
Osmani critique la Russie, Lavrov riposte
Ce sommet de l'OSCE s'est ouvert dans un climat tendu, en l'absence des ministres des Affaires étrangères de l'Ukraine, de la Pologne et des pays Baltes qui protestent contre la présence du chef de la diplomatie russe.
Le ton a été donné dès l'ouverture par le président en exercice, le ministre des Affaires étrangères de Macédoine du Nord, Bujar Osmani. «La guerre d'agression de la Russie contre l'Ukraine est une insulte» aux valeurs de l'OSCE, elle «sape la confiance, le dialogue et notre capacité à agir», a-t-il déclaré devant les représentants, dont Sergueï Lavrov.
«Malheureusement, l’OSCE a été utilisée au bénéfice de l’OTAN, et c’est malheureux», a déclaré le ministre russe dans son discours, dénonçant l’élargissement de l’OTAN vers l’est de l'Europe.
Un élargissement qui s’est accompagné d’agressions militaires, à commencer par celle de la Yougoslavie en 1999. Et Sergueï Lavrov de poursuivre : «Ce sont toujours les Etats de l’OTAN, membres de l’OSCE, qui sont intervenus en 2008 et 2014 à Tbilissi et Kiev». L’Ukraine a ainsi vu advenir le «coup d’Etat sanglant» de Kiev et les accords de Minsk, que l’Occident a voulu utiliser contre la Russie, selon les aveux d’Angela Merkel et de François Hollande.
Près de dix ans plus tard, l’espace de l’OSCE est scindé. «Des milliers de sanctions ont été prises contre la Fédération de Russie, c’est sans précédent», a fait remarquer Sergueï Lavrov, fustigeant «une mise à l’écart de concurrents économiques».
L’OSCE, incapable de s'adapter aux problèmes immédiats ?
Le ministre russe a ensuite dénoncé le refus occidental à dénoncer ses propres maux : «On voit la propagation du néonazisme en Ukraine et dans les pays Baltes [...] On fait l’éloge des collaborateurs d’Hitler, inscrit dans les législations, on empêche la cohabitation avec les Russes, on interdit les médias en langue russe.» Et de conclure : «Et l’OSCE et ses institutions se taisent.»
L’UE aussi, elle qui s’apprête selon Sergueï Lavrov à intégrer l’Ukraine alors même que la constitution ukrainienne «foule aux pieds les droits des minorités nationales», et mène « une campagne contre l’Eglise orthodoxe». «On détruit l’espace de l’OSCE», a conclu le ministre russe, estimant impossible de conclure son discours sur une note optimiste du fait de l’action de l’OTAN, et doutant de la capacité de l’OSCE à s’adapter aux problèmes immédiats.
Les origines de l'OSCE remontent à la Guerre froide, lorsque les deux blocs ennemis occidental et soviétique s'étaient entendus pour créer une plateforme de dialogue entre eux. L'organisation compte aujourd'hui 57 Etats participants.