Alors que l'indignation des politiques est unanime, l'essayiste Anne-Sophie Chazaud, tout en condamnant la violence physique, souligne que le manque de respect envers la figure du président de la République n'est que la suite logique de son mandat.
C’est une journée où chacun va faire débauche d’indignation afin de bien montrer son attachement à la République etc etc etc.
Soit.
La violence politique est condamnable, en tout cas moi je la condamne, raison pour laquelle d’ailleurs je m’émouvais ce matin de l’anniversaire de la mort atroce du jeune Louis XVII, supplicié par la terreur révolutionnaire perverse et psychopathique dont malheureusement une part de notre histoire républicaine est issue.
C’est aussi la raison pour laquelle je n’ai cessé de condamner l’usage débridé de la violence par la Macronie contre les opposants politiques et sociaux pendant de longs mois, laissant de nombreux Gaulois réfractaires suppliciés, éborgnés, estropiés, embastillés sans raison etc.
Concernant l’atteinte physique au corps du président de la République, naturellement, elle n’est pas tolérable au plan de la philosophie politique, au plan moral.
Toutefois, il convient de rappeler que si l’on ne saurait porter atteinte à ce que Kantorowicz nomme les «Deux corps du Roi», le corps réel du régnant et le corps symbolique qui incarne la Nation, ceci se double d’un devoir sacré de la part de la personne qui donc incarne (au sens propre) cette fonction.
En l’occurrence, ce corps, précisément parce qu’il ne lui appartient pas mais appartient de ce point de vue à toute la communauté nationale, doit être respecté à commencer par la mise en scène qu’en fait son propriétaire.
Je considère comme des atteintes à cette sacralité du corps symbolique du roi les frottis-frottas-selfies contre les corps des repris de justice aux Antilles, l’abaissement de la fonction lors de la fête de la musique de sinistre mémoire, l’abaissement encore de la mise en scène de ce corps (comme s’il n’était pas celui de la Nation ou alors comme si l’on pouvait en souiller l’image sans aucun respect) comme lors de la séance indigne MacFly et Carlito, et tutti quanti... Ce mandat n’aura été qu’une longue suite d’atteintes à la dignité de la fonction incarnée par ce corps physique et symbolique, comme autant de crachats ou d’insultes au visage des Français.
Bref, je considère qu’il ne faut guère s’étonner ensuite en faisant les vierges effarouchées que cette dimension symbolique ne fasse plus l’objet du moindre respect. Même s’il convient de le déplorer. Encore faut-il un peu de cohérence et ne pas en chérir les causes.
Le devoir, et le respect, c’est dans les deux sens et pour tout le monde.
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