L'essayiste Lydia Guirous examine l’influence des islamistes et de puissances étrangères hostiles à la France sur l'avenir de l'islam dans la République. Selon elle, un schisme très net doit se faire entre l’islamisme radical et un islam serein.
Le Recteur de la grande mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz a annoncé dans un communiqué courageux se retirer définitivement du projet de Conseil national des imams demandé par l’Elysée au CFCM [Conseil français du culte musulman]. Il dénonce l’existence d’une composante islamiste au sein du CFCM. Espérons que son expression soit sincère et non tactique. Pourtant, la présence de l’entrisme islamiste n’est pas une découverte. Il n’y avait que les apôtres du déni pour ignorer l’influence des islamistes les plus déterminés au sein de cette instance qui s’est toujours révélée décevante.
Rappelons que c’est le délégué général de ce même CFCM monsieur Zekri qui avait jeté en pâture la jeune Mila (16 ans !) «elle l’a cherché» affirmait-il. Il justifiait ainsi les menaces de mort dont elle faisait l’objet et qui l’ont condamnée à vivre dans la clandestinité. Monsieur Moussaoui, président du CFCM, pour sa part avait alors tenu des propos très douteux, en deux temps... D’abord en rassurant les autorités et en indiquant que la critique de la religion était légitime, puis en donnant des gages aux islamistes en déclarant qu’il fallait respecter la religion. Ce même Mohamed Moussaoui feint donc aujourd’hui de découvrir qu’il y aurait des influences islamistes au sein du CFCM… et demande donc des preuves au recteur de la mosquée de Paris suite à ses accusations…
L’influence des islamistes et de puissances étrangères hostiles à la France comme le dénonce Chems-Eddine au sein du CFCM est très forte et se fait notamment avec des mouvances ayant des liens avec les islamistes, qu’ils soient Frères musulmans ou salafistes : la confédération turque Milli Görüs (pro Erdogan), le Rassemblement des musulmans de France, proche des islamistes marocains, Foi et pratiques... Ils refusent l’égalité entre les hommes et les femmes, haïssent nos libertés, justifient la haine et le meurtre de ceux qui ne partagent pas leur vision de la religion. Ils refusent que soient écartées de la formation des imams, les organisations dont les textes fondateurs et les orientations réfutent la démocratie, la laïcité et promeuvent le sexisme, l’antisémitisme, la haine de l’homosexualité. Ils refusent que soient considérés comme incompatibles avec la République française, les courants de l’islam politique tels que «wahhabisme, salafisme, doctrine des Frères musulmans et plus généralement toute mouvance locale, transnationale ou internationale qui vise à utiliser l’islam afin d’asseoir une doctrine politique».
Suite au discours des Mureaux, qui a redonné espoir à beaucoup de républicains sincères, les islamistes veulent savoir si la République a véritablement la volonté de se redresser ou si elle mettra un genou à terre ? Les autorités avaient déjà tenté en 2000 de mettre en place une telle charte afin de marquer l’adhésion de l’islam à la République. Ce fut un échec car une liberté fondamentale avait été refusée : celle de changer de religion ou de la quitter. Sur ce point fondamental, le gouvernement de l’époque avait reculé afin d’obtenir la signature de l’UOIF... Pourquoi une telle compromission, une telle faiblesse ? Pourquoi céder à ceux qui ne cèdent rien et ont un projet de conquête ? Déjà les islamistes refusaient la liberté de conscience. Ce refus indiquait que toute personne qui naissait de religion musulmane devait appartenir à la «oumma», avant tout et pour toujours. Cela en dit long...
L’islamisme a pris le pas sur l’islam dans beaucoup d’esprit. Si charte des valeurs il doit y avoir ou conseil national des Imams, cette initiative pour avoir une chance de voir le jour, devra venir des musulmans et de leurs organisations comme un geste fort d’attachement d’abord et avant tout à la République, ses lois et ses principes. C’est sans doute utopique mais il me semble qu’en dehors de cet élan de volonté populaire, sincère et désintéressé, il n’y aura qu’échec ou communication. Un schisme très net doit se faire entre l’islamisme à combattre férocement et un islam serein qui se vit dans la sphère privée, sans prosélytisme, sans vision identitaire et politique, ni revendications particulières.
La France et la République gagneront à arrêter de vouloir discuter avec ceux qui ne pratiquent que la duplicité et les double discours, ceux dont l’allégeance et l’attachement pour des pays étrangers est plus fort que pour la France. Les Français de confession musulmane, assimilés et vivant leur religion sans ostentation, sans provocation, ne leur portent aucun crédit et aucune écoute. Ils ne représentent personne, ni les Français de confession musulmane assimilés, républicains, fiers d’être français avant tout, ni les éléments radicalisés, rigoristes et communautaristes. La République n’a pas à discuter et surtout pas à reculer. Elle doit s’imposer avec autorité. On ne transige pas sur les principes.
Il serait sans doute temps de dissoudre «musulmans de France» (appellation scandaleuse) ex-UOIF et de déclarer les Frères musulmans comme organisation terroriste, comme d’autres Etats – Grande-Bretagne, Emirats Arabes Unis, Egypte – l’ont déjà fait.
Lydia Guirous