Au lendemain de la rencontre entre Poutine et Obama lors de l’Assemblée générale de l’ONU, l’ancien chef de l’état-major du Secrétaire d’Etat Colin Powell, Lawrence Wilkerson, a parlé à RT des perspectives de leur coopération en Syrie.
RT : D’après ce qu’on a entendu lors de l’intervention d’Obama à l’ONU, il n’est toujours pas disposé à inclure Assad dans une coalition contre le terrorisme. Pourquoi donc appelle-t-il à une réponse unifiée face à la menace de Daesh ?
Lawrence Wilkerson : Alors que cela semble vraiment un peu dénué de sens, je dois présumer qu’en réalité, Washington négocie secrètement avec Moscou, Téhéran, Ankara et probablement Riyad, en adoptant une ligne tout à fait différente. J’espère qu’ils parlent en secret de leurs priorités dans la région, la première priorité étant bien sûr de combattre Daesh. Et une fois que cette tâche est complètement accomplie, la seconde priorité sera de former un nouveau gouvernement, qui devra d’une quelconque manière inévitablement inclure Bachar el-Assad pour une certaine période, le temps de pouvoir former un gouvernement perçu par d’autres pouvoirs dans la région, y compris par Moscou, comme plus représentatif pour le peuple syrien.
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RT : Dans son discours, Obama a félicité les efforts des Etats-Unis de soutenir la démocratie à travers le monde entier. Peu de temps après, Vladimir Poutine a pris la parole et fustigé les «révolutions démocratiques» depuis la même tribune. Comment évaluez-vous les perspectives de coopération entre ces deux dirigeants après une telle divergence ?
Lawrence Wilkerson : Très franchement, je suggérerais au président Obama de jeter un coup d’œil sur sa propre démocratie avant d’accuser d’autres Etats de ne pas en avoir assez. La démocratie aux Etats-Unis est en ce moment sous une pression extrême : distribution inégale des richesses, mauvais traitement des minorités, tout ce qu’on peut imaginer. Nous ferions mieux de faire attention à notre propre démocratie que d’essayer de disperser la démocratie à travers le monde.
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En ce qui concerne la crise syrienne, c’est un problème majeur, probablement le plus sérieux de la région, encore plus important que le programme nucléaire supposé de l’Iran. Si Moscou, Ankara, Téhéran, Riyad et Washington ne se réunissent pas pour, premièrement, combattre Daesh, puis travailler afin de former un gouvernement le plus représentatif possible, on ne pourra pas mettre fin à cette crise et on verra toujours des dizaines de milliers de réfugiés se répandre à travers le monde.
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Je comprends les inquiétudes de Vladimir Poutine. Je comprends que plus de 2 000 russes combattent actuellement en Syrie et peuvent revenir dans des républiques telles que la Tchétchénie. Je comprends également ses inquiétudes quant à la Géorgie et l’Ukraine. Nous avons besoin de coopérer, pas de lutter les uns contre les autres.
#Sarkozy : pour résoudre la crise en #Syrie, il faut dialoguer davantage avec la #Russie
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RT : Lors de la rencontre entre Barack Obama et Vladimir Poutine, les deux présidents ont abordé la question du soutien que la Russie pourrait accorder à la coalition internationale dans la lutte contre le groupe terroriste Daesh. Qu’est-ce que la Russie pourrait effectivement entreprendre dans ce domaine ?
Lawrence Wilkerson : La Russie possède de l’infanterie de marine, de même que des avions, elle possède des installations logistiques au sol en Syrie et, bien sûr, un port. Ils ont des capacités navales importantes, et pourraient être une force formidable dans la lutte contre Daesh. Cependant, j’y vois toutefois un problème. Comme vous le savez, dans les pays de la région du Moyen-Orient, il y a 4,5 millions de militaires. 4,5 millions ! Ce quand on réunit les forces de l’Arabie saoudite, du Qatar, de l’Egypte et des autres. Quant à Daesh, ils ne compte que 30-40 000 hommes. Pourquoi alors avons-nous besoin de toutes ces puissances extérieures pour combattre Daesh, quant il y a autant de pays qui peuvent le faire ? Le problème ici est que certains de ces pays soutiennent en fait Daesh, soit directement financièrement, ou en termes de logistique, etc. Nous devons y mettre fin. Comme l’a dit le président Rohani à New York, nous devons établir nos priorités, et la première devra être la lutte contre Daesh. Quant au premier échelon de cette lutte, ce sont les forces autochtones qui doivent l’assumer, et pas les puissances extérieures.
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