Entre déshonneur pour le président de la République et doigt d’honneur d’un jeune Antillais, la polémique enfle… Nadia Le Brun revient sur le scandale déclenché par la photo d'Emmanuel Macron prise lors de son déplacement à Saint-Martin.
La photo sur laquelle Emmanuel Macron pose aux côtés de deux jeunes hommes, l’un sortant de prison, l’autre adressant un doigt d’honneur à on ne sait qui, laisse perplexe. A voir le président, tout sourire, désinvolte, entre les deux Antillais torse nu, on se demande d’abord si ce n’est pas un photomontage, mais lorsqu’on comprend que ce cliché n’a rien d'un canular, on oscille entre étonnement, stupéfaction et consternation.
Ce cliché indéniablement vulgaire a-t-il été validé par le président, qui affiche un air satisfait et goguenard ? Y a-t-il eu une faille dans son plan médiatique, orchestrée pour renouer le lien avec les Français, pour enrayer sa chute dans les sondages ? Il nous avait gêné, le matin même, par son outrecuidance. «J'aime profondément être avec mes concitoyens, à portée de visage et d'embrassades ou d'explications», avait-il affirmé, en précisant : «Mais je ne changerai pas de politique.» Comme si, dans son excès de confiance, il ne saisissait pas que la foi de la France connaît une crise. De Macron, elle en a une indigestion. L’emploi stagne, la croissance fléchit, les déficits continuent de croître. Ses concitoyens ne supportent pas d’être traités de gueux. Des ouvrières de Gad – des «illettrées» – aux grévistes à Lunel : «Vous n'allez pas me faire peur avec votre tee-shirt ; la meilleure façon de se payer un costard, c'est de travailler.» En passant par les sans-emplois : «Je traverse la rue et je vous en trouve un.»
Aux Antilles, ce qui devait être un coup de pub se termine par un coup de boutoir. En surjouant, dans ce spectacle théâtral, Emmanuel Macron s’est pris les pieds dans le rideau.
Quand la réalité dépasse la parodie, on rit jaune. On est circonspect également à l'égard de la tentative de Jupiter, après la photo polémique, visant à éteindre l’embrasement médiatique, en particulier sur les réseaux sociaux. Il s’en est pris à Marine Le Pen qui a publié un tweet assassin. «Ce qui fait que je me suis battu pour être élu face à Marine Le Pen et que je suis là aujourd’hui, c’est parce que j’aime chaque enfant de la République, quelles que soient ses bêtises, parce que bien souvent, il n’a pas choisi l’endroit où il est né, et il n’a pas eu la chance de ne pas en faire, a-t-il répliqué.» Avant de poursuivre : «On ne tirera rien des discours de haine. Il faut arrêter de penser que notre jeunesse, parce qu’elle est d’une certaine couleur, ou à un moment, a fait des bêtises.» «Marine Le Pen n’est pas avec le peuple», a-t-il ajouté. «Marine Le Pen, c’est l’extrême droite, et l’extrême droite, ce n’est pas le peuple. Je suis président de la République et je ne laisserai à personne le peuple» : la réponse du berger à la bergère !
Certes, Marine Le Pen, s’est rapidement engouffrée dans la brèche. Cependant, la joute verbale, n’est-elle pas le nerf de la guerre en politique ? C’est sur elle que la foudre de Jupiter s’abat, et non sur les responsables à Saint-Martin. Le président a pris tous les risques en faussant compagnie à son service de sécurité, selon Le Figaro, et en entrant au hasard dans l’un des immeubles avant de rencontrer ces deux jeunes Antillais qui l’ont ridiculisé et ont entaché, à travers lui, l’image de la République.
L’entourage du président veut dédramatiser. Il assume mais n’assure pas et ne rassure pas non plus. Pour sauver la face, on se rabat sur la communication. La technique du packaging : vendre du contenu uniquement sur emballage, façon attrape-nigaud. Pour preuve, un homme de 61 ans, inconnu de la justice, retraité et en colère contre l’augmentation de la CSG, a été interpellé et placé en garde à vue le 18 avril dernier par les policiers de Saint-Dié, a rapporté le journal Vosges Matin pour avoir fait un doigt d’honneur au président lors de son déplacement dans la cité déodatienne pour «outrage à une personne dépositaire de l’autorité publique» passible de six mois d’emprisonnement et 7500 euros d'amende. Ce dernier a peut-être le tort de ne pas être un enfant de la République ou assimilé aux autres éléments de langages que nous a servis Emmanuel Macron dans son discours marketé aux (faux et) bons sentiments pour se dédouaner. Deux poids et deux mesures. A croire qu’avec lui tous les Français ne sont pas égaux devant sa politique. Hélas ! Pauvres de nous…
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