Julien Bigand, vice-président du syndicat des Jeunes Agriculteurs interrogé par RT France, estime que l’Europe et la France en particulier, subissent des conséquences non seulement directes mais aussi indirectes de l’embargo russe.
RT France : L’embargo russe sur certains produits alimentaires a été étendu d’une année supplémentaire. Quel en a été jusque maintenant l’impact sur la filière agricole française ?
Julien Bigand : Il y a des conséquences bien sûr, on ne peut pas dire le contraire. Mais si on objective un peu les choses, il faut dire qu’il existe deux types de conséquences, directes et indirectes. Les premières sont dues à des pertes de marchés, puisqu’on ne peut plus exporter en Russie. Même si elles ne sont pas considérées comme importantes, ces pertes ne sont pas négligeables non plus.
Le deuxième type de conséquence peut être qualifiée d’indirecte, c’est-à-dire que nos voisins des pays baltes ou d’Europe de l’Est, qui exportent habituellement sur la Russie, même plus que nous probablement, ne peuvent plus le faire ce qui provoque un égorgement du marché européen, en le déstabilisant. Cela déstabilise le marché français puisqu’une partie de ces produits qui devait aller en Russie se retrouve sur le marché européen, sur le marché français.
Dix tonnes de fromage ont été passées au compresseur en Russie suite à l'#embargo (VIDEO) http://t.co/WJ6m61hpvkpic.twitter.com/ZEO4iIxCg0
— RT France (@RTenfrancais) 7 Août 2015
RT France : Quels sont les secteurs plus touchés ?
Julien Bigand : C’est multi secteur en fait. Il y a le porc, qui est extrêmement touché, le secteur laitier est touché aussi, mais pour la France ça ne représente que 12 000 tonnes de fromage sur 250 000 tonnes en tout. Nous ne sommes pas les premiers concernés. Malgré tout, 250 000 tonnes de fromage, cela représente 1,5% du volume laitier européen exporté vers la Russie. Cela peut paraitre faible, mais si on ajoute à cela la surproduction de lait de cette année, on arrive à 3% supplémentaires de lait sur le marché, ce qui tire les prix vers le bas. Les fruits et légumes ont également été aussi touchés par l’embargo.
RT France : Que les agriculteurs pensent-ils de toutes ces décisions prises au-dessus d’eux ?
Julien Bigand : Le problème aujourd’hui, c’est que ce sont les paysans français ou même européens qui font la variable d’ajustement, dans un conflit qui n’a rien à voir avec l’agriculture. Ce n’est pas acceptable que ce soit les agriculteurs qui payent, ni que l’aide qui leur est versée soit prélevée sur le budget de la Politique agricole commune puisque très clairement, il n’y a pas de secret, il ne s’agit pas d’un conflit agricole mais d’un conflit qui n’a rien à voir avec l’agriculture.
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