Co-auteur du livre Notre-Drame de Paris, Nadia Le Brun revient pour RT France sur le passage d'Emmanuel Macron le 12 avril sur TF1. La journaliste l'expose à travers les yeux d'une famille de la France d'en bas, oubliée et désabusée par le président.
Jeudi 12 avril, 12h30, j’arrive chez les Tuche. Enfin, c’est ainsi qu'ils se perçoivent dans le regard d’Emmanuel Macron. C’est à ma demande que cette famille se retrouve autour d’un déjeuner pour regarder son intervention face à Jean-Pierre Pernaut. Au menu : salade de tomates, bœuf carottes, fromage et entremet à la vanille.
A table, je suis avec mes hôtes, Daniel, 66 ans, retraité (1 500 euros par mois), Michèle, 61 ans, assistante maternelle (900 euros), leur fils Franck, 40 ans, comptable (1 900 euros), leur fille Laurence, 35 ans, secrétaire (1 700 euros), Mémé, 82 ans (moins de 1 000 euros) et leur petit-fils, Victor, 19 ans, la fierté de tous, en deuxième année de médecine. «On n’est pas dupe», s’exclame ce dernier sur les réelles raisons du président d’aller, à midi, sur TF1. «Les sondages ont dû lui montrer l’ampleur de son impopularité dans ce climat social qui s’alourdit. C’est une fois de plus, une opération de communication et de séduction. Je parie qu’il va faire le pédagogue, sans parler franglais, comme avec Delahousse sur France 2.» Daniel, le chef de famille, poursuit : «Il va encore faire l’acteur pour avoir le bon rôle dans les médias. On connaît les discours opportunistes des politiques mais les siens sont mis en scène façon marketing. Ca sonne faux.»
Probité morale
13h, le président apparaît à l’écran face au journaliste. Laurence commente : « Ah, regarde maman, il est assis sur un fauteuil Philippe Stark. J’ai commandé les mêmes pour mon boss.» Michèle ajoute, après la première question sur la Syrie : «C’est malheureux ce qui arrive là-bas, mais on ne va pas se mettre à dos les Russes pour suivre les Américains qui ont lâché François Hollande en rase campagne. Plutôt que s’engager dans la guerre pour sa stature internationale, il devrait d’abord faire ses preuves en France avec les djihadistes et zadistes.»
Quand Macron évoque le sujet épineux des retraites, Franck s’agace : « Mon père était peintre en bâtiment, il a travaillé dès 15 ans et l’Etat le ponctionne 25,50 euros par mois de CSG, soit 306 euros par an : un tiers des économies réalisées jusqu’alors pour pouvoir emmener mémé et maman en vacances. Facile de demander aux anciens les plus modestes de se serrer la ceinture quand on est né avec une cuillère d’argent dans la bouche et qu’on mène la grande vie depuis 2014 sous les ors de la République ! Qu’il prenne exemple sur la probité morale du Général de Gaulle en payant ses frais d’essence, ses factures d’électricité à l’Elysée avant de donner des leçons.»
Laurence lance : «On a voté pour lui contre Marine Le Pen au second tour, même s’il ne nous inspirait pas confiance. On ne s’attendait pas être aussi maltraités au profit des plus riches.»
Au bout d’une demi-heure, plus personne n’écoute le président. Ils sont désabusés. Le dernier mot viendra de Mémé : « Dommage que ce jeune garçon, intelligent, beau et dynamique divise autant le pays, alors qu’il pourrait fédérer les Français. Au lieu de ça, il nous prend de haut et mène une politique injuste.»
Pauvre France, pense la France pauvre !
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