Pour RT, le professeur de l’Institut des langues et des civilisations orientales de Paris, Bruno Drweski, a levé le voile sur la visite soudaine la sous-secrétaire d’Etat américaine Victoria Nuland en Ukraine.
RT: Selon vous, pourquoi Victoria Nuland a été invitée à assister à une session parlementaire traitant de la question sérieuse d’un changement de Constitution ukrainienne ?
Bruno Drweski : Je ne pense pas qu’elle ait été invitée. Je crois, qu’elle s’est invitée, parce qu’elle fréquente l’Ukraine régulièrement et qu’elle a pris des décisions concernant beaucoup de choses là-bas. Notamment, sur le soi-disant Euromaïdan qui a été partiellement organisé grâce à elle. Je veux dire, qu’elle intervient régulièrement dans les affaires ukrainiennes. Donc, cette fois, la question du Donbass est importante. Et pour certaines raisons les Etats-Unis semblent avoir décidé que l’Ukraine devait être décentralisée en fonction de leurs intérêts, pas forcément liés à l’Ukraine mais en relation avec la situation mondiale. Et l’Ukraine n’est qu’une partie de ce grand jeu global. Je crois que c’est pour cela qu’elle est en Ukraine pour pousser les Ukrainiens à accepter les démarcations décidées par Washington.
RT: Le président ukrainien a dit qu’il n’y aurait pas de statut spécial pour Donetsk et Lougansk dans la nouvelle Constitution, mais c’est pourtant ce que prévoyaient les accords de Minsk. Qu’est-ce qui se passe ?
Bruno Drweski : Oui, bien sûr, c’est un peu contradictoire. S’il y avait une décentralisation totale en Ukraine, ce qui signifierait une certaine autonomie pour le Donbass. Si d’autres régions de l’Ukraine ont la même autonomie que le Donbass, pourquoi pas ? Il n’y aurait pas de problème. La vraie question est de savoir si le Donbass obtiendra l’autonomie pour laquelle il s’est battu et sur laquelle un accord avait été trouvé à Minsk. C’est bien sûr la question de base. Pour l’instant, on ne sait pas ce qui va se passer. Bien sûr, Porochenko est obligé de montrer à la population ukrainienne et particulièrement aux membres du Parlement qu’il n’a pas accepté une intervention étrangère et qu’il n’a pas accepté non plus l’autonomie du Donbass. Mais concrètement, le Donbass obtiendra une certaine autonomie si l’accord est mis en œuvre.
Victoria Nuland aprés sa rencontre avec @poroshenko en présence de @GeoffPyattpic.twitter.com/rstMJTM987
— Paul Gogo (@Paugog) 16 Juillet 2015
RT: Les autorités autoproclamées de Donetsk disent qu’elles n’ont pas été impliquées dans les discussions sur la nouvelle Constitution. Est-ce qu’une telle approche unilatérale peut résoudre la crise ukrainienne ?
Bruno Drweski : Pour le moment, le problème est de faire accepter cette évolution à la société ukrainienne qui a été sous la pression d’une propagande nationaliste en faveur d’un Etat unitaire. Elle doit être préparée et si l’on est optimiste, on peut supposer que c’est ce que Porochenko est en train de faire. Je n’en suis pas sûr mais j’espère qu’il est en train préparer l’opinion ukrainienne à accepter que le Donbass dispose de droits particuliers. L’avenir nous le dira.
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