William Mallinson, ancien diplomate britannique et professeur à l’Université Ionienne interrogé par RT, estime que l’accord entre la Grèce et ses créanciers aurait inévitablement été atteint parce que Washington pense à ses propres intérêts.
RT : Nous avons entendu dire que certains politiciens étaient déterminés à obtenir un accord au plus vite tandis que d’autres souhaitaient que l’accord soit fait proprement, sans pression. Qu’en pensez-vous ?
William Mallinson : D’après un adage italien «qui va lentement, va surement». Mais ils ne vont pas lentement, et cela me rappelle un proverbe allemande qui dit «plus vite, plus vite l’hélice», ce qui signifie que quelqu’un pourrait être éjecté de la zone euro, et pas forcément la Grèce ! Néanmoins, nous nous trouvons dans une époque de «deadline diplomacy», où tout doit être fait dans des délais impartis. Par coïncidence, c’est également ce qui se passe en ce moment à Vienne [pourparlers sur le nucléaire iranien]. En coulisse, les Américains s’activent, souhaitant presque désespérément qu’un accord soit conclu, et vite. Mais bien entendu ils souhaitent un accord plutôt mou.
RT : Pourquoi pensez-vous que les Etats-Unis veulent-ils qu’un accord soit conclu ?
William Mallinson : C’est que Washington s’inquiète beaucoup que la Grèce et d’autres puissent commencer se tourner de plus en plus vers la Russie. Les Etats-Unis ont besoin d’unité en Europe, parce que l’Europe reste au final un outil des Etats-Unis contre la Russie. Et le FMI aussi accessoirement. Ça, c’est l’essentiel. Et même si un accord a été atteint, il reste le problème de la confiance. Est-ce que ça va marcher ? Qu’est-ce que les Grecs vont faire ? Continueront-ils à dénoncer les agissements de la finance internationale ? Ainsi l’histoire ne s’arrête pas là. Les Américains, et les Allemands en particulier, ont peur d’une Grèce complétement indépendante.
RT : Et que pensez-vous de l’idée d’une sortie temporaire de la Grèce de la zone euro, est-ce vraiment possible ?
William Mallinson : Une sortie «temporaire» ; ce n’est qu’une formule, cela pourrait être pour un an ou pour 20 ans. La question qui se pose est de savoir si cela arrive, cela serait-il une sortie ordonnée ? Deuxièmement, qui va la contrôler ? Soit ce sera une sortie contrôlée par les Grecs, eux-mêmes, en recourant à une aide extérieure, par exemple aux BRICS ou directement à des pays comme la Russie et la Chine. Si la Grèce quittait la zone et montrait qu’elle pouvait s’en sortir par la suite, cela influencerait certainement d’autres pays. Au contraire si ça se passerait mal, les autres pays seraient confortés dans l’idée de rester à l’intérieur de l’UE.
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