Florian Philippot, vice-président du Front national, réagit pour RT France à la décision de la Cour de justice de l'Union européenne à l'encontre de la France, accusée d'avoir versé des aides illégales à la SNCM.
Ce jeudi 9 juillet, la Cour de justice de l'Union européenne a condamné la France, à la demande de la Commission européenne, pour ne pas avoir récupéré auprès de la Société nationale Corse Méditerranée (SNCM) 220 millions euros d’aides d’Etat déjà jugées « illégales » par Bruxelles. Interrogé par RT France, le numéro 2 du Front national s'offusque de cette décision.
RT France : Florian Philippot, que vous inspire cette décision de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE)?
Florian Philippot : C'est insupportable de voir qu'une justice supranationale, une justice européenne, peut se permettre de mettre en danger de mort une entreprise française de service public. La SNCM assure des missions de continuité territoriale qui sont indispensables au bon fonctionnement de notre pays et au bon fonctionnement de la Corse. Si l’Etat a envie de venir au soutien d'une entreprise de service public, il doit évidemment pouvoir le faire. Cela démontre une nouvelle fois l'énorme problème de l'Union européenne.
La #France condamnée par l'Europe pour avoir sauvé la une entreprise au bord de la faillite >> http://t.co/2GEEoKsioApic.twitter.com/zwITTEpk0s
— RT France (@RTenfrancais) 9 Juillet 2015
RT France : Aujourd'hui selon vous, l'Europe envoie clairement un message à la France en disant «c'est nous qui décidons» ?
Florian Philippot : Bien sûr. L'Union européenne est régie par quelques règles. Tout d'abord, les Etats ne font pas ce qu'ils veulent, ça on l'a bien compris. L'Europe est de plus en plus envahissante dans la politique des États nations. Ensuite, Bruxelles montre qu'elle n'est pas compatible avec les services publics à la française car elle demande leur libéralisation, leur privatisation et le recul des engagements de l’Etat dans les services publics. Cela pose un énorme problème pour la SNCM, mais aussi dans d'autres secteurs. Puis, l'Union européenne, c'est la loi de la jungle, elle veut une concurrence libre et non faussée partout, au point de demander régulièrement à des secteurs entiers de rembourser de l'argent. On l'a vu il y a quelques mois avec les producteurs de fruits et de légumes français qui ont dû rembourser des centaines de millions d'euros quitte à ruiner les petites exploitations... Aujourd'hui c'est la SNCM, une autre fois la France n'a pas eu le droit d'aider le secteur automobile en le conditionnant à ne pas délocaliser... C'est insupportable, et on comprend pourquoi cette Union européenne que nous avons comporte de plus en plus d'inégalités, moins de croissance et plus de chômage.
#CJ : la France a manqué à ses obligations en s’abstenant de récupérer une aide de 220 M€ accordée à la SNCM http://t.co/y3xnNN3045
— Cour de justice UE (@CourUEPresse) 9 Juillet 2015
RT France : Dans l'affaire de la SNCM, il est tout de même compliqué de tout mettre sur le dos de l'Europe, dans le sens où la compagnie connaissait déjà de grandes difficultés ?
Florian Philippot : On ne peut pas tout mettre sur le dos de l'Europe c'est vrai, car la SNCM a eu ses propres turpitudes. Parfois le comportement de certains syndicats a créé des blocages et des pertes. La SNCM n'a probablement pas été exemplaire, mais l'essentiel du préjudice que subit la SNCM est dû aux règles européennes, mais aussi à la servilité des gouvernements français qui ne sont pas obligés de suivre ces traités. Quand il a en va de milliers d'emplois, un gouvernement français devrait pouvoir s'affranchir des règles européennes.
RT France : Aujourd'hui vous dites au gouvernement qu'il ne faut pas récupérer ces 220 millions comme le demande l'Europe ?
Florian Philippot : Bien sûr. Bruxelles a donné un ordre de papier, heureusement Bruxelles n'a pas encore d'armée – j'espère que ce cauchemar ne deviendra jamais réel – donc c'est à vous, gouvernement français, de défendre l'emploi français et le service public en n'appliquant pas cette décision inique et insupportable.

RT France : Malgré tout même si l'Europe condamne aujourd'hui la France, elle bénéficie aussi de ces aides européennes, notamment par la politique agricole commune (PAC) sans laquelle de nombreux agriculteurs français ne s'en sortiraient pas.
Florian Philippot : Cela reste l'argent de la France. Tous les ans, la France verse 21 milliards d'euros au budget de l'Union européenne, et elle n'en récupère que 13, dont les aides agricoles. Tous les ans, nous perdons 8 milliards d'euros au profit de la technostructure de l'Union européenne et des transferts d'argent, vers l'Europe de l'est notamment. S'il n'y avait plus, demain, ces transferts financiers, mais une politique agricole nationale, Française, nous pourrions donner l'argent directement aux agriculteurs sans passer par Bruxelles qui nous fait les poches. Nous pourrions verser plus d'argent, et plus justement, au profit des agriculteurs qui font des efforts sur le vert, le bio.
RT France : Selon vous, l'Europe prouve, comme elle peut le faire avec la Grèce, que ces règles sont trop strictes ?
Florian Philippot : Oui, on voit bien que sur ces deux dossiers, même s'ils sont différents, il existe un point commun qui est le manque de marge de manœuvre des nations. Les ordres viennent directement de Bruxelles, de la part de gens qui n'ont aucune légitimité électorale, des technocrates qui décident de l'avenir pour des millions de Français, des millions de Grecs, des millions d'Allemands. Ce n'est pas démocratique et pas acceptable. L'Europe, qui passe sa vie à donner des leçons de démocratie, devrait commencer par regarder la poutre qui est dans son œil pour comprendre qu'elle est la première à bafouer les règles élémentaires de la démocratie. L'Union européenne est aujourd'hui la pire ennemie de la démocratie dans nos nations. Il est temps que chaque nation retrouve sa souveraineté.
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