En Syrie, les Américains sont censés combattre Daesh, mais la vraie ligne rouge pour les Etats-Unis ce n’est pas la défaite de l'Etat islamique, mais la perspective de la victoire du gouvernement syrien, estime le journaliste Dan Glazebrook.
RT : Le gouvernement syrien est accusé d'avoir utilisé des gaz de combat contre des cibles de l'opposition en Syrie dans la matinée du 4 avril, causant des dizaines de morts. L'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley, a brandi la menace d’une attaque unilatérale en Syrie. Quelques jours plus tôt, elle avait annoncé que chasser Bachar el-Assad du pouvoir syrien n'était plus «la priorité» de l'administration américaine, ce qui donnait lieu à une nouvelle stratégie américaine en Syrie. Que pensez-vous de la situation actuelle ?
Dan Glazebrook (D. G.) : La nouvelle stratégie américaine consiste à accepter le fait que Bachar el-Assad reste, et à conserver quelques enclaves d’influence en Syrie afin d’empêcher le gouvernement de rétablir son autorité sur l’ensemble du pays et de le réunifier.
Ce qui se passe maintenant, c’est quelque chose que Barack Obama n’a jamais su parvenir à faire, c’est-à-dire une invasion américaine directe de la Syrie. Près de 1 000 soldats sont déjà sur le terrain, 1 000 autres seraient en chemin. Ils sont censés combattre l’Etat islamique, mais en réalité la ligne rouge pour les Etats-Unis ce n’est pas la défaite de Daesh, ni les armes chimiques, mais la perspective de la victoire du gouvernement syrien. Les troupes américaines sont là pour l’en empêcher.
Les Etats-Unis comprennent qu’ils ne sauront pas renverser le gouvernement et essayent de semer la division autant que possible
C’est pour cette raison qu’ils ont acheminé les combattants de l’opposition vers la route située entre Alep et Raqqa. Ce n’est pas pour reprendre Raqqa, mais pour bloquer l’avancée de l’armée syrienne vers Raqqa.
RT : Le ministère russe de la Défense a déclaré que l'incident que la communauté internationale considérait comme une attaque chimique menée par l'armée syrienne était dû à une attaque aérienne syrienne sur un entrepôt terroriste qui stockait des armes chimiques...
D. G. : Cela prend du temps pour vérifier de telles assertions sur le terrain. Mais vu la façon dont tout cela est présenté dans les médias, il n’y a qu’une explication possible : c’était une attaque chimique délibérée de l’armée syrienne. Evidemment, il y a des explications alternatives.
RT : Avant cette présumée attaque chimique, l'administration Trump n'exigeait plus le départ de Bachar el-Assad. Mais voici que maintenant ils accusent le président syrien. Leur position risque-t-elle d'évoluer encore ?
D. G. : Les Etats-Unis comprennent qu’ils ne sauront pas renverser le gouvernement et essayent de semer la division autant que possible. La vraie question c’est de savoir à quel point la Russie tolérera une telle situation, car les Etats-Unis aimeraient bien avoir l’accord de la Russie pour diviser la Syrie en zones d’influence. Qui sait d'ailleurs si un tel accord n’a pas déjà était conclu…
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