Amnesty International accuse la coalition dirigée par les Etats-Unis de ne pas avoir pris de précautions pour éviter les victimes civiles.
Pendant ce temps, le Pentagone a reconnu qu'une attaque aérienne de la coalition avait probablement pu tuer plus de 200 civils, enterrés sous les décombres lors de l'effondrement du bâtiment dans lequel ils cherchaient à se réfugier.
RT : Les Etats-Unis envoient des troupes supplémentaires pour aider à reprendre Mossoul. Quelles en seront les conséquences ?
Simon Mabon (S. M.) : Cela montre que beaucoup d'acteurs différents prennent cette situation à Mossoul très au sérieux. L'idée de déployer plus de troupes sur le terrain montre que les gens s'inquiètent des conséquences des catastrophes aériennes à grande échelle. Nous avons entendu ce qui s'est passé à Mossoul au cours des derniers jours, où près de 200 personnes sont mortes à cause des frappes aériennes sur la ville. C'est un aspect vraiment négatif qui affecte les Etats-Unis et la coalition internationale. Cela va affecter leur légitimité et, finalement, cela engendrera des conditions qui permettront aux groupes comme Daesh de prospérer. Cela mènera à des malheurs et reléguera les gens aux marges de la société, les forçant à lutter pour répondre aux besoins quotidiens.
Nous devons attendre pour savoir si nous allons voir une présence importante des Etats-Unis dans la région
RT : Cela signifie-t-il une plus grande implication des Etats-Unis en Irak, une fois de plus ?
S. M. : Je pense qu'il est trop tôt pour dire si nous verrons un déploiement à grande échelle en Irak. Evidemment, si on se rappelle ce que disait Donald Trump lors de la campagne présidentielle, il parlait d'éradication de Daesh.
Ensuite, cela signifie-t-il une campagne de bombardements à grande échelle ou une augmentation du nombre de soldats sur le terrain ? Ce que nous voyons maintenant n'est plus une «frappe chirurgicale» et nous devons attendre pour savoir si nous allons voir une présence importante des Etats-Unis dans la région.
RT: Etant donné que les responsables du Pentagone ont admis que les troupes américaines étaient proches de la ligne de front et même impliquées dans les combats, à quel point leur mission est-elle limitée à «conseiller et porter assistance» ?
S.M. : J’imagine qu’elle sera principalement limitée à «conseiller et porter assistance» parce qu’il est très important de renforcer les capacités de l'Irak. Il faut créer une armée. Pas seulement une institution capable de combattre, mais qui pourrait aussi faire plus en vue de la construction d’une identité nationale. Il faut bien le comprendre, les Etats-Unis en particulier, n’en ont pas eu conscience il y a 14 ans. Du coup, s’assurer que ce sont des Irakiens qui libèrent Mossoul. Bien comprendre que des sunnites, des chiites, des kurdes réunis sous la bannière de l’armée irakienne, c’est extrêmement important non seulement pour la libération de Mossoul, mais encore pour la construction future de l’Irak.
Il y a eu un nombre d’échecs stratégiques, beaucoup d’erreurs graves ont été commises dans les lignes de communication entre les deux parties
RT: Les forces américaines et irakiennes sont-elles capables d’échanger des meilleures données de renseignement ? Cela pourrait peut-être aider à éviter des pertes civiles ?
S.M. : On peut l’espérer. Il y a eu un nombre d’échecs stratégiques, beaucoup d’erreurs graves ont été commises dans les lignes de communication entre les deux parties. Mais n’oublions pas que Mossoul est une grande ville, avec une population civile importante. Dans une campagne comme celle qui oppose Daesh aux Américains, c’est une vraie campagne contre les insurgés dans laquelle les combattants de Daesh se cachent parmi les civils et il n’y aura pas de séparation ni de démarcation claire entre les combattants de Daesh et les populations civiles. Les premiers vont faire tout leur possible pour que les Etats-Unis et l'armée irakienne provoquent des dommages collatéraux. Après tout, c’est ce qu’ils recherchent.
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