RT : Pourquoi les évènements à Mossoul sont-ils l'objet d'une couverture médiatique beaucoup moins importante en Occident que celle des évènements à Alep ?
Peter Ford (P. F.) : Les médias occidentaux se montrent très compréhensifs à l’égard des opérations en Irak qui produisent des soi-disant «dommages collatéraux», mais ne l'ont pas du tout été face aux besoins des forces syriennes et de la Russie dans le cas tout à fait similaire d'Alep. La seule différence est que les Russes et les Syriens sont perçus comme les «méchants», alors que l’Occident et les forces irakiennes à Mossoul sont les «gentils», c’est aussi simple que cela. Les souffrances à Mossoul sont encore plus graves qu’à Alep, où c’était déjà assez terrible. Les images que nous voyons sont terrifiantes. C’est tout simplement un exemple de deux poids deux mesures.
Selon les chiffres du Pentagone seuls 200 civils ont été tués depuis le lancement de l’opération de la coalition il y a deux ou trois ans
RT : Le Centre irakien pour les droits de l’homme accuse la coalition de mener des attaques d'envergure, et affirme que le nombre de bombardements aveugles a provoqué la multiplication des victimes civiles. Pensez-vous qu'il y ait une chance que les forces de la coalition enquêtent sur ces accusations ?
P. F. : La chance est bien mince.Je viens de voir les chiffres du Pentagone selon lesquels seuls 200 civils ont été tués depuis le lancement de l’opération de la coalition il y a deux ou trois ans. Désormais, cela ressemble à une fiction. Si l’on en croit les ONG, il y a eu 300 victimes victimes civiles en mars seulement, et à peu près 750 ces six dernières semaines.
Tout ce qu’on peut faire, c’est avoir une approche cohérente et ne pas être hypocrite
RT : Mais que faire si Daesh utilise des boucliers humains…
P. F. : Il est vrai que ce qui se passe actuellement est malheureusement inévitable, mais il ne faut certainement pas être hypocrite et appliquer des schémas d'analyse différents à l’égard de la Syrie et d’Alep. Des cœurs sensibles prétendent qu’il y avait un meilleur moyen de régler la situation, qu’il fallait tout simplement laisser les territoires sous le contrôle des djihadistes. Tout ce qu’on peut faire, c’est avoir une approche cohérente et ne pas être hypocrite, mais ce que nous voyons, c’est tout le contraire.