Professeur associé à l’Institut d’études européennes de l’Université de Paris 8 et porte-parole du Parti de l’émancipation du peuple, Jacques Nikonoff analyse les dernières «obsessions» de l’ex-président.
L’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, ne pense qu’à ça. Il en est obsédé. Tout ce qu’il fait est conditionné par cet objectif qu’il juge suprême. Il s’agit bien sûr de l’élection présidentielle de 2017. Il lui faut arriver en tête au premier tour pour finalement l’emporter au second. Pour y parvenir, deux obstacles mécaniques doivent être levés.
Le premier, après avoir gagné la primaire au sein de son parti (Les Républicains, ex-UMP) – ce qui est loin d’être gagné - est de convaincre les chefs des autres partis de droite et du centre de ne pas se présenter à cette élection cruciale dans la vie politique française. Si un autre parti de droite ou du centre présente un candidat, il rongera l’électorat potentiel de Nicolas Sarkozy et l’empêchera très probablement d’arriver dans les deux premiers, qui seront certainement le candidat du Parti socialiste et celui du Front national. Comme seuls les deux premiers sont qualifiés pour le second tour, il en serait fini des ambitions de Nicolas Sarkozy. C’est pourquoi les tractations vont bon train avec les autres partis de droite et du centre, placés en position de force, qui revendiquent que la place leur soit laissée libre par Les Républicains dans un nombre de circonscription dépassant leur influence électorale. C’est le prix qu’ils demandent – avoir davantage de députés – pour ne pas présenter de candidat à l’élection présidentielle.
Et Sarkozy de revenir sur la question du droit du sol. https://t.co/98VULqLu9y
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— Rodolphe LG (@RodolpheLG) 13 Juin 2015
Le second obstacle est le Front national qui fonctionne comme une pompe aspirante de l’électorat de droite. Si le phénomène se poursuit, Nicola Sarkozy, même s’il est le seul candidat à droite et au centre, ne pourra pas être qualifié pour le second tour de l’élection présidentielle. Il lui faut à la fois boucher les fuites de son électorat vers le FN, et reconquérir celui qui s’est déjà évaporé. Un des moyens qu’il a trouvé est d’alimenter les campagnes racistes et xénophobes. En allant sur le terrain du FN, il espère faire revenir vers lui les brebis égarées. Un de ses thèmes favoris l’abandon du «droit du sol» qui permet l’acquisition automatique de la nationalité française.
Aujourd’hui, un enfant dont un des parent est étranger, mais qui est lui-même né en France est entièrement français à sa naissance. Pour l’enfant né en France et dont les deux parents sont étrangers et nés à l’étranger, la nationalité française lui revient automatiquement et de plein droit à sa majorité s’il réside en France à cette date, et s’il a eu sa résidence habituelle en France pendant une période continue ou discontinue d’au moins 5 ans depuis l’âge de 11 ans. Avant sa majorité, il peut acquérir la nationalité sur demande de ses parents (entre 13 et 16 ans), ou sur demande personnelle (entre 16 et 18 ans), avec des conditions de durée de résidence en France. L’ancien président de la République préfère le «droit du sang» : les enfants ont la nationalité de leurs parents.
#Sarkozy "Quand je vois tous ces escrocs à l'UMP, ça me conforte dans mon choix d'avoir fondé les Républicains" pic.twitter.com/jyM9Cxl3rM
— Les Guignols (@LesGuignols) 16 Juin 2015
Bien sûr, les avantages et inconvénients respectifs de ces deux formules méritent toujours une délibération publique pour être parfaitement assimilés. Tel n’est pas l’objectif de Nicolas Sarkozy. Il ne s’agit, pour lui, que de donner l’impression à la fraction la plus raciste de l’électorat, dont une bonne part vote FN, qu’il défend la «pureté de la race française». Associé à de multiples allusions concernant les Arabes et les Musulmans, la démarche de Monsieur Sarkozy favorisera allègrement le franchissement d’une nouvelle étape dans la décomposition politique française.
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