Déploiement militaire américain en Pologne : une «tentative de créer un problème pour Trump»

Déploiement militaire américain en Pologne : une «tentative de créer un problème pour Trump»© Agencja Gazeta Source: Reuters
Des soldats américains arrivent à leur station de déploiement à Zagan, Pologne
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L'envoi des soldats américains dans l'Est de l'Europe n'est qu'une mesure symbolique pour «chevaucher» la russophobie et gâter le début de la présidence de Donald Trump, estime le géopoliticien Dario Citati.

RT France : Pourquoi le déploiement des forces américaines qui est censé répondre à «l’annexion de la Crimée» qui s’est passée en 2014, se déroule deux ans plus tard ?

Dario Citati (D. C.) : En réalité, il faut dire que ce n’est pas le premier pas des Etats-Unis et de l’OTAN dans ce sens, parce qu’il y a eu un renforcement militaire au cours des années passées. Mais bien sûr, c’est l’action la plus incisive jusqu’à présent. Du point de vue de ceux qui soutiennent ce renforcement de la présence occidentale américaine et de l’OTAN en Pologne et dans les pays baltes, il répond non seulement à l’annexion de la Crimée, mais aussi à la conduite de la Russie dans le développement de la crise ukrainienne. Par exemple, le manque de respect des accords de Minsk, ou le soutien aux séparatistes du Donbass. C’est la position de ceux qui soutiennent ce renforcement.

Mais de l’autre côté, il n’y a aucun doute sur le plan politique, que cette accélération de mesures qui a été probablement prévue au niveau de l’OTAN, s’explique aussi par la tentative de Barack Obama et de son administration à la fin du mandat – on a vu notamment une occasion de l’expulsion de 35 diplomates russes – de  créer des problèmes à l’administration de Trump.  

Le Parti républicain, le parti de Donald Trump, sur ce point-là, a été traditionnellement anti-russe

RT France : Cette démarche des Etats-Unis a été qualifiée de menace par le Kremlin. Pensez-vous que ça sera difficile pour la prochaine administration américaine de Trump, d’établir des relations meilleures avec la Russie ?

D. C. : Oui. Je dirais aussi que l’Europe orientale va continuer d’être critique dans les relations entre l’Occident et de la Russie. Parce qu’il ne faut pas oublier que le Parti républicain, le parti de Donald Trump, sur ce point-là, est traditionnellement anti-russe, mais aussi c’est le parti le plus acharné à l’égard du dossier de l’Ukraine et de l’Europe orientale. Alors que, par exemple, sur une question touchant la Méditerranée ou de la Syrie, il peut être plus conciliant. Mais il est malgré tout possible que les relations soient moins tendues sur la question de l’Europe orientale, en raison de l'arrivée aux affaires de gens proches de la vision de Trump.  Mais la situation va continuer d’être difficile, et c’est là que la diplomatie de part et d’autre devra travailler, à mon avis. 

Il s’agit d’une mesure symbolique

RT France : 4 000 soldats de l'OTAN ont été déployés dans la région pour participer à des manœuvres. Est-il possible, du point de vue militaire, de contenir l’agression supposée de la Russie avec quelques milliers de militaires ?

D. C. : Non, bien évidemment, il s’agit d’une mesure symbolique, à ce propos-là on peut se rappeler d’un rapport issu d’un think tank militaire, de la Rand Corporation. Il y a six mois, dans ce rapport spécifiquement militaire - il s’agit d’une étude militaire, où on nous a expliqué que la Russie avait tous les moyens militaires pour annexer directement les trois pays baltes en 72 heures. Il est bien évident que, pour protéger, face à une supposée menace russe, quelques milliers de soldats ne seront pas suffisants. Donc, le déploiement de ces militaires est une mesure symbolique. C’est vrai que, si l’OTAN avait déployé 20 ou 30 000 militaires, la tension aurait été encore plus haute. En ce sens, il s’agit d’une mesure symbolique pour maintenir un haut niveau de tension; pour montrer qu’on est là. Du point de vue américain, il s'agit de montrer qu'on peut «chevaucher» la russophobie, la peur de la Russie de la part de pays comme la Pologne ou les pays baltes.

Lire aussi : Le discours d'adieu de Barack Obama : fin de la «politique de l'autruche»

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