Ex-directeur technique de la NSA : «la communauté du renseignement américain manque de discipline»

Le rapport sur «le piratage des élections» américaines présumé est politiquement motivé et montre un manque de «discipline professionnelle» dans la communauté du renseignement, avance William Edward Binney, ex-directeur technique de la NSA .

Tandis que le rapport est rempli d’accusations, il manque clairement de preuves, et même les formulations utilisées dans le rapport montrent que les auteurs jouaient aux devinettes, s'étonne William Binney.

«Je vois beaucoup d’accusations dans la partie du rapport que j’ai lue jusqu’à présent, mais c'est plutôt légeren preuves de quoi que ce soit… Ils devraient inclure au moins des preuves de ce qu’ils affirment. Et il n'y a rien de cela», a déclaré le professionnel du renseignement.

La motivation derrière ce rapport est le désir de certaines personnes dans les cercles politiques d’inciter une «nouvelle guerre froide» avec la Russie, selon l'ancien haut responsable de la NSA. Les agences de renseignement brandissent la menace russe juste parce qu'une grande confrontation assure un filon de financement, affirme William Binney.   

Une nouvelle guerre froide sous-entend que des milliards de dollars seront soustraits aux contribuables afin de payer les armes les plus puissantes et pour plus d’espionnage

«Depuis le début, je pense que certains membres du Congrès, et d'autres, essentiellement le Parti démocrate, mais certains Républicains aussi, cherchent à démarrer une nouvelle guerre froide», a confié l’ancien directeur technique de la NSA à RT.

 «Et la raison, pour laquelle ils le souhaitent, c’est bien sûr pour que le complexe militaire-industriel et du renseignement reçoive plus d’argent. Ça signifie tout simplement que, si vous déchaînez une nouvelle guerre froide, ça sous-entend que des milliards de dollars seront soustraits aux contribuables afin de payer les armes les plus puissantes et pour plus d’espionnage, plus d’espions, pour toutes sortes d’activité réalisées par les agences de renseignement.»

C’est la tactique de «répétition depuis de nombreux angles jusqu’au moment où ça devient vraisemblable» qui est employée contre la Russie

Le rapport se lance dans une narrative sur le «piratage» et, ce qui est assez surprenant, mais élogieux, se concentre sur RT et ses activités, en particulier sur les réseaux sociaux, ce qui a prétendument aidé Donald Trump à gagner les élections.

«C’est une autre tentative d'influencer le public américain sur la question. C’est ça le but, je pense. Si ce n’était pas le cas, ils auraient présenté des preuves, comme des éléments qui prouveraient que des choses diffusées par RT étaient fausses, il aurait alors fallu dire ce qui était faux, et montrer ce qui était vrai», estime Binney. «Mais ce n'est même pas ce qu'ils font. En fait, l’idée générale ce n’est pas de réellement chercher la vérité ni des faits…»  

C’est la tactique de «répétition depuis de nombreux angles jusqu’au moment où ça devient vraisemblable» qui est employée contre la Russie et les médias russes. Cette réitération est diffusée la plupart du temps en même temps par de «nombreuses sources supposément fiables», telles que des membres du Congrès, les grands médias citant des sources de sécurité anonymes, les agences de renseignement, jusqu’au moment où tout le monde arrête de poser des questions sur le sujet, juge Binney.

Toute cette situation est dangereuse pour les Etats-Unis eux-mêmes, car elle révèle une grave immaturité au sein des services de renseignement, qui ont essentiellement perdu la capacité d’accomplir les tâches qui lui sont dues.

Ils ne sont pas professionnels, ni disciplinés dans ce qu’ils font. C’est pourquoi ils ne peuvent arrêter aucune de ces attaques terroristes

«Principalement, cela signifie que notre communauté du renseignement manque de la discipline professionnelle nécessaire à un organisme de renseignement. C’est très dangereux. C’est pourquoi je défends ce que le président élu Donald Trump fait, en contestant ce qu’ils disent, car il faut les défier», a communiqué le lanceur d'alerte à RT.

«Parce qu’ils ne sont pas professionnels, ni disciplinés dans ce qu’ils font. C’est pourquoi ils ne peuvent arrêter aucune de ces attaques terroristes. Ils sont vraiment capables, le FBI l’est en tout cas, d’emprisonner des gens, mais pas d'éviter des attaques réelles.»

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