Pour le sénateur Yves Pozzo di Borgo, la résolution de l'UE sur la «propagande» des médias russes et de Daesh n'est pas digne de l'Union européenne. Il y voit aussi le symbole d'élus déconnectés des réalités et accrochés à leurs intérêts propres.
RT France : La comparaison entre l'opposition aux médias russes et la lutte contre le terrorisme international, y compris Daesh, est-elle vraiment justifiée ?
Yves Pozzo di Borgo (Y. P. d B.) : C’est vraiment du n'importe quoi. On a un problème avec le Parlement européen. Il est manœuvré par une série de pays qui n'aiment pas la Russie et surtout par beaucoup de parlementaires qui sont déconnectés des réalités de leur pays. Ce sont des gens que l'opinion publique ne connait pas et qui vivent dans une sorte de bouilloire à Bruxelles et à Strasbourg. Ils s'excitent sur des sujets comme ça sans aucune accroche avec les demandes des citoyens. C'est vraiment scandaleux de mettre sur le même pied la Russie et Daesh. C'est vraiment une confusion intellectuelle terrible.
Les ennemis de la Russie du Parlement européen sont manifestement furieux de l'arrivée de Donald Trump
RT France : Comment expliquer alors la proposition d'un tel texte?
Y. P. d B. : La Russie a beaucoup d'ennemis au Parlement européen. On sent qu'ils sont manifestement furieux de l'arrivée de Donald Trump, ils risquent de l'être aussi avec celle de François Fillon s'il devient président de la République, alors ils ont dû profiter de ce moment d'entre deux pour faire passer cette résolution. Mais ce n'est pas du niveau d'un Parlement européen et je le regrette.
RT France : Le texte de cette résolution explique que de telles mesures permettront d'arrêter la «déstabilisation» de l'Union européenne par des «acteurs tiers». Serait-ce efficace?
Y. P. d B. : Le Parlement devrait déjà commencer par travailler sur les réseaux anglo-saxons qui déstabilisent l'euro. C'est, comme le disait Valérie Giscard d'Estaing, l'un des plus grands problèmes que l'on a aujourd'hui dans l'Union européenne et cela devrait être une priorité.
Une résolution qui touche à la liberté d'expression et de la presse, ce n'est vraiment pas crédible
RT France : Vous parlez des réseaux anglo-saxons, pourrait-on imaginer des résolutions de ce type contre la BBC post-Brexit ? Quel effet pourrait avoir cette résolution sur la liberté de la presse ?
Y. P. d B. : Ça pourrait être amusant ! Mais on a quand même en France et en Europe une liberté complète de la presse, les journalistes font ce qu'ils veulent. Donc en ce sens, une résolution de ce genre qui touche à la liberté d'expression et de la presse, ce n'est vraiment pas crédible, ça n'aboutira à rien. Bref ce n'est pas très acceptable pour un parlement.
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