Caroline de Haas, à l'origine de la pétition contre la loi Travail avec plus d'un million de signataires, a lancé un nouveau mouvement. Casseroles debout débutera à 19h30 dans plusieurs villes françaises. Elle explique à RT France ses motivations.
RT France : Pourquoi avez-vous décidé de lancer l'action Casseroles Debout ?
Caroline de Haas (C.H.) : L’objectif est de permettre à ceux qui n’ont pas eu l’occasion de se mobiliser jusque-là de participer, en raison du fait qu’ils n’ont pas pu participer aux manifestations ou aux opérations de Nuit Debout, leur permettre d'exprimer leur refus de la loi travail à travers un dispositif court, ludique et qui se passe à proximité de chez eux.
Plus de 500 rassemblements sont prévus
RT France : Pensez-vous rassembler davantage de personnes au vu de l'aspect ludique de cette action?
C. H. : On ne peut pas comparer une manifestation qui est préparée pendant un mois et une action de coup de poing, organisée trois jours avant. Ce n’est pas du tout le même dispositif. Je pense qu’on ne saura même pas combien de personnes on aura rassemblé car plus de 500 rassemblements sont prévus.
L’objectif c’est de diversifier les types d’actions prévues pour permettre à chacun de s’engager à sa façon
RT France : Pensez-vous répéter cette action si elle a du succès aujourd’hui ?
C. H. : On verra, ça va bientôt être l’été. L’objectif, c’est de diversifier les types d’actions prévues pour permettre à chacun de s’engager à sa façon. On a déjà invité, par exemple, quatre centres de covoiturage pour venir à la manifestation. On a aussi organisé un dispositif qui s’appelle «Carton rouge contre la loi travail» pendant l’Euro de football. Donc, on diversifie les opérations de manière à permettre à chacune et chacun de s’engager de la façon dont ils le souhaitent.
L’objectif c’est le retrait de cette loi
RT France : Votre objectif à terme c’est de faire en sorte que le gouvernement retire la loi Travail ?
C. H. : Oui, l’objectif c’est le retrait de cette loi. Elle a plein de conséquences, notamment ce qu’on appelle l’inversion de la hiérarchie des normes. C’est-à-dire que la loi qui protège aujourd’hui en France tous les salariés ne sera plus aussi protectrice, puisque les accords passés dans chaque entreprise pourront dans certains domaines aller moins loin que la loi. C’est aussi la remise en cause fondamentale de la logique du code du travail en France, c’est pour cela qu’autant de monde sont mobilisés contre cette loi.
Quand vous allumez votre télévision ou votre radio, quand on parle des manifestations, on ne parle que des casseurs, et la réalité, ce n’est pas du tout ça
RT France : Il y a eu des débordements en marge de la manifestation du 14 juin. Beaucoup de personnes associent le mouvement anti loi travail avec des casseurs, des violences. Est-ce que ça gêne à l’idée de la contestation de cette loi ?
C. H. : Beaucoup de médiasassocient le mouvement aux casseurs, mais je ne suis pas sûre que beaucoup de citoyens et de citoyennes fassent le rapprochement. Les personnes qui viennent aux manifestations savent bien que ce que vous appelez les casseurs, ce sont des personnes très minoritaires et absolument pas représentatives des personnes qui manifestent. Quand vous allumez votre télévision ou votre radio, quand on parle des manifestations, on ne parle que des casseurs, et la réalité, ce n’est pas du tout ça.
On vit dans un pays qui s’éloigne de plus en plus des principes démocratiques
RT France : François Hollande et Manuel Valls se sont prononcés contre les manifestations qui vont continuer. Manuel Valls a même demandé à la CGT de ne plus manifester. François Hollande dit qu’il ne faut plus manifester si la préservation des biens des personnes ne peuvent pas être garantis. En plus, il y a l’état d’urgence. Toutes ces déclarations, toutes ces mesures, cela vous effraie ?
C. H. : Cela m’ effraie, parce qu’un pays dans lequel un gouvernement fait passer en force une loi avec le 49.3, le dispositif qui permet de contourner les députés, et un pays dans lequel le gouvernement demande aux gens de ne pas manifester, cela s’éloigne de plus en plus de l’idée qu’on se fait de la démocratie. C’est ça qui m’inquiète. Ce n’est pas les rodomontades de Manuel Valls qui essaie de faire les gros bras pour faire peur à tout le monde. Ce qui fait peur, c’est qu’on vit dans un pays qui s’éloigne de plus en plus des principes démocratiques qui normalement font son fondement.
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