«Sous la contrainte d'un tas de textes européens», la France a besoin de retrouver sa souveraineté tout en restant en coopération avec les Etats de l'Europe, considère Jacques Myard, candidat à la primaire des Républicains.
RT France : Nous avons appris que vous alliez participer à la primaire de la droite en novembre. Pourquoi ? Quelles sont les valeurs que vous vous engagez à défendre dans cette primaire ?
Jacques Myard : C’est très simple. Je constate aujourd’hui que la France n’est plus vraiment souveraine, qu’elle est sous la contrainte d’un tas de textes, notamment européens. Elle n’a plus ses compétences monétaire, budgétaire, juridique et des lois [françaises] peuvent être déclarées contraires à des accords internationaux et des actes dérivés.
Il est donc absolument indispensable que la France retrouve la souveraineté de ses décisions. C’est le point majeur. Nous ne pourrons pas contrôler nos frontières ni retrouver de la croissance si nous n’avons pas la maîtrise de nos décisions et si nous ne pouvons pas aller contre des décisions de Bruxelles, notamment en matière économique, où Bruxelles impose avec Francfort une sorte de purge budgétaire et la récession. Surtout, nous devons retrouver une politique étrangère totalement indépendante, que ce soit au Proche ou au Moyen-Orient ou encore Europe, notamment dans les relations avec la Russie.
Ma démarche, c’est donc de retrouver pour la nation française la maîtrise de ses décisions, sa souveraineté.
Il faut que la France puisse faire une politique qui [lui] soit propre, avec certainement sa propre monnaie. Car je ne pense pas que l’euro va survire
RT France : Mais au vu des accords existants entre la France et l'Union européenne comment cela sera-t-il possible ?
Jacques Myard : Aujourd’hui, on constate que l’Union européenne est en train d’imploser : elle ne contrôle plus les frontières, elle n’arrive pas à prendre des décisions rapidement – il faut des années et des années pour modifier un règlement ou une directive –, elle organise le marasme économique et la récession avec la crise de l’euro.
Il faut changer radicalement de politique, et pour changer radicalement de politique, il faut que la France puisse faire une politique qui [lui] soit propre, avec certainement sa propre monnaie. Car je ne pense pas que l’euro va survire.
Bien sûr, c’est une révolution, et aujourd’hui il faut faire cette révolution juridique pour retrouver la maîtrise de nos lois
Pour ce faire, il faut que les lois françaises votées par le Parlement puissent être [de rang] supérieur aux conventions internationales et leurs actes dérivés, c’est-à-dire que le Parlement français ait le dernier mot.
Dès lors qu’il vote une loi, cette loi est promulguée.
Il faut donc rétablir la souveraineté juridique de la France et le faire par un référendum, en modifiant l’Article 55 de la Constitution et en disant clairement que les lois qui sont votées par le Parlement sont supérieures à toutes les conventions internationales auxquelles la France est partie. Bien sûr, c’est une révolution, et aujourd’hui il faut faire cette révolution juridique pour retrouver la maîtrise de nos lois.
Nous avons besoin de la coopération européenne, mais nous n’avons pas besoin d’intégrisme européen
RT France : Mais une telle loi n’implique-t-elle pas la sortie de la France de l’Union européenne ?
Jacques Myard : Non. Nous avons besoin de la coopération européenne, mais nous n’avons pas besoin d’intégrisme européen. Nous devons coopérer entre nations libres et souveraines, car il n’existe pas de peuple européen, il existe un peuple allemand, un peuple italien, un peuple français, mais pas de peuple européen. Les parlements nationaux doivent retrouver la plénitude de leur souveraineté tout en coopérant au niveau européen et international.
Je ne suis pas pour que la France vive en autarcie, derrière ce que les Français appelaient jadis la ligne Maginot, derrière des fortifications. Bien au contraire, je veux que mon pays participe activement au concert des nations, mais d’une manière libre et qu’il puisse toujours dire «non» ou «oui», alors qu’aujourd’hui on ne peut plus dire «non», parce que nous sommes contraints par tout un tas de systèmes supranationaux et ce n’est plus acceptable.
La question de la souveraineté est au cœur du redressement et du renouveau de la France
RT France : D’après vous, les autres candidats à la primaire de la droite et du centre ne défendent-ils pas assez les valeurs que vous évoquez ?
Jacques Myard : A mon avis, ils seront obligés à se positionner par rapport à ce que je dis, obligés d'en tenir compte parce que je suis intimement convaincu que la question de la souveraineté est au cœur du redressement et du renouveau de la France. Sinon, nous n’existons plus. Sinon, il faut supprimer le Parlement français et, à ce moment-là, la France ne sera plus qu’une région de cette espèce de conglomérat qui s’appelle l’Union européenne. Un conglomérat qui sera supranational, technocratique et anti-démocratique. Je vous rappelle que la souveraineté c’est la démocratie, et il ne peut y avoir de démocratie que dans un cadre national.
RT France : Y a-t-il des membres du Parlement qui vous soutiennent déjà dans ce sens ?
Jacques Myard : Ce que je peux dire, c’est que je suis intimement convaincu que cette candidature suscite de l’intérêt. A gauche comme à droite, il y a des gens qui défendent les mêmes idées que moi.
Je suis convaincu que, petit à petit, ces idées gagneront. Le problème n’est pas de savoir si Jacques Myard va devenir président de la République, le problème est de savoir si ce pays retrouvera la maîtrise de son destin, de ses décisions. Aujourd’hui, on constate la faillite du système européen. Il est urgent de remettre cela sur ses bases, de construire l’Europe sur les nations et pas contre les nations.
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