Nicolas Dhuicq, député LR de l’Aube faisait partie du voyage. Il revient sur sa rencontre avec Bachar el-Assad
RT France : Vous êtes partis en Syrie avec cinq autres députés pour rencontrer Bachar el-Assad. Ce voyage a suscité de nombreuses polémiques. Comment réagissez-vous et que répondez-vous à vos détracteurs ?
Nicolas Dhuicq : Nous y sommes allés pour soutenir les chrétiens d’Orient qui sont une passerelle irremplaçable et inestimable entre l’Orient et l’Occident et entre le monde des islams et l’Europe, c’est-à-dire la chrétienté -majoritairement.
Deuxièmement, pour rappeler que la France à un rôle à jouer au Levant, qui est historique et très important.
Nous avons rencontré des élues syriennes francophones qui demandent le retour de la France dans la région
Enfin, la seule force combattante organisée, non islamiste au sol c’est l’armée régulière syrienne. Bachar el-Assad n’est pas son père, ce sont deux personnes différentes, deux périodes de l’histoire qui ne se ressemblent pas. Le président Assad, est un chef d’Etat qui a réussi à tenir pendant cinq ans une véritable guerre civile et étrangère, puisqu’il il y a plus de 40 000 combattants étrangers qui se battent en Syrie, donc 10 000 Tchétchènes et 2 000 Français, son armée a fait face à plus de 2 500 points de combat au début de la guerre civile. La Syrie est un pays qui n’avait aucune dette extérieure au début de la guerre. C’est un chef d’Etat qui mérite le respect quelque soir la nature du régime.
En diplomatie, le principe de réalité consiste à défendre d’abord les intérêts français, et les intérêts français sont d’avoir une Syrie souveraine et indépendante.
RT France : Quels ont été les grands axes de votre rencontre avec Bachar el-Assad ? Y a t-il un autre voyage de prévu ?
Nicolas Dhuicq : Je faisais partie du premier voyage en Syrie, en novembre dernier et nous avons pu constater l’évolution de la situation. Il y quelques mois, nous entendions toutes les nuits les canons à Damas et, cette fois, il n’y avait plus de bruits de guerre. La situation a considérablement évolué depuis l’intervention de l’armée de l’air russe, puisqu’elle a permis d’appuyer les troupes au sol, de reprendre Palmyre. Daesh, Al Qaida et Al nosra c’est exactement la même chose, il n’y a pas d’islamisme modéré.
Nous avons également rencontré des jeunes, qui représentent l’espoir, issus de l’expatriation et de milieux aisés, ils abandonnement leur confort pour revenir dans leur pays d’origine et le reconstruire. Il faut savoir que l’embargo touche les médicaments, le peuple, détruit les entreprises, c’est une catastrophe ! J’ai d’ailleurs déposé une résolution à ce sujet, pour lever cet embargo qui est totalement contre-productif et qui indirectement favorise les islamistes.
Avec le président Assad, nous avons évoqué la situation militaire, le jeu de la Turquie - qui est un jeu dangereux – le poisson du wahhabisme financé par les pétrodollars de l’Arabie saoudite et du Qatar, mais surtout la reconstruction du pays
Il faudra en premier rebâtir les infrastructures et j’aimerais que les entreprises françaises participent à la reconstruction du pays. Nous avons également évoqué les problèmes de libéralisation de l’économie, cette libéralisation qu’a voulue le président Assad a sans doute bousculé les habitudes de la caste au pouvoir. Et surtout déséquilibré les anciens équilibres économiques qui est une des causes de la révolte. Il n’en reste pas moins que la Syrie doit continuer sur cette voie-là, car les Syriens ont le droit comme les autres à vivre dans la liberté et le respect et avoir un bon niveau de vie.
RT : Bachar el-Assad a déclaré que Paris et Londres fournissaient de l’aide aux terroristes en Syrie : «Le terrorisme [...] est soutenu directement par la Turquie. La famille royale de l’Arabie saoudite ainsi qu’un nombre d’états occidentaux, notamment la France et le Royaume-Uni l’appuient directement». Etes-vous d’accord avec ces propos ? Lors de votre rencontre Bachar el-Assad a-t-il évoqué ce point-là ?
Nicolas Dhuicq : Je suis globalement d’accord mais il faut nuancer ses propos. Oui, des membres de la famille royale saoudienne financent le terrorisme. Daesh est une création à la fois du Qatar et de l’Arabie saoudite pour empêcher l’Iran de reprendre place dans la région.
Pour ce qui est de la France et du Royaume-Uni ils financent indirectement le terrorisme
Car nous maintenons des relations diplomatiques très fortes avec le Qatar et l’Arabie saoudite, personne n’est officiellement choqué de voir qu’on remet une légion d’honneur à un prince saoudien, prince d’un pays qui n’a pas de Constitution, qui décapite pour motif religieux et qui prône l’islam wahhabite.
Lire aussi : RT dévoile des documents témoignant du trafic de pétrole mené par Daesh (EXCLUSIF)
Au-delà de nos mosquées, les wahhabites se sont organisés, ils pratiquent la dissimulation et nous avons des personnes, certainement sur le territoire national, qui sont habillées à l’occidentale, qui n’ont pas les signes religieux extérieurs mais qui font partie de ces mouvances très dangereuses pour la liberté et la démocratie.
Les propos, un peu provocateurs, du président Assad étaient destinés à rappeler le fait que nous sommes très naïfs par rapport aux actions des monarchies du pétrodollar du Golfe. Ces monarchies pétrolières financent l’islam wahhabite qui est le terrorisme d’aujourd’hui : l’Etat Islamique, Al-Nosra, Al Qaida se réclament de cette mouvance.