(EXCLUSIF) Lanceur d'alerte : Les sous-marins nucléaires britanniques ont une sécurité «ridicule»

(EXCLUSIF) Lanceur d'alerte : Les sous-marins nucléaires britanniques ont une sécurité «ridicule» Source: Reuters
Les sous-marins nucléaires britanniques ne seraient pas si «safe».
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William McNeilly, ex marin britannique détaché sur un submersible nucléaire s’est confié à RT. En mai dernier, il avait fait fuiter un rapport accablant sur le manque de sécurité du programme nucléaire Trident.

Nous sommes au mois de mai 2015. Un jeune technicien de la marine de la Reine s’apprête à faire trembler le royaume. Il s’appelle William McNeilly et il a 25 ans. En faisait ses armes sur des sous-marins nucléaires du côté de la base écossaise de Faslane, il s’est aperçu que la sécurité n’était pas une priorité. Gênant lorsque l’on parle d’engins capables de frappes nucléaires. Il décide alors de publier, par l’intermédiaire du site Wikileaks, un rapport démontrant d’incroyables failles dans la sécurité. D’abord renvoyé de l’armée, puis traqué par la justice, il fini par éviter la prison. Il s’est confié en exclusivité à RT. Le jeune homme, même pas trentenaire, raconte ses motivations, ce qu’il a vu et nous confie son sentiment sur une expérience dans le monde des lanceurs d’alertes.

McNeilly n’est pas Snowden… et il le revendique

Pourquoi un jeune militaire de 25 ans irait risquer sa carrière en livrant au public les failles du programme nucléaire de son pays ? Dit comme ça, on pense tout de suite à une nouvelle affaire Snowden. Pas du tout. «La plupart des gens mettent les lanceurs d’alerte sur le même plan, comme Snowden ou Chelsea Manning. Mais si vous regardez de plus près, ce que j’ai fais est totalement différent. Ils ont diffusé des informations sensibles parce qu’ils pensaient que les prérogatives sur la sécurité allaient trop loin. Je pense l’inverse. Je souhaitais plus de sécurité. Si vous analysez ce qu’a fait Snowden comparé à ma propre histoire, vous vous apercevrez vite que nous sommes aux antipodes» explique le jeune militaire.

En bon soldat, William McNeilly a voulu servir son pays. C’est de cette manière qu’il justifie son action : «Les autorités ne semblaient pas réagir. J’ai pensé que le seul moyen de faire quelque chose était de publier ce rapport. Et si je n’avais rien fait ? Cela aurait pesé sur ma conscience toute ma vie. Certes, j’ai perdu ma carrière et beaucoup d’argent. Mais je suis clair avec ma conscience. Si quelque chose de grave se produit, je pourrais toujours me dire que j’ai prévenu le peuple. C’est ce qui importe pour moi.»

Le jeune britannique s’est pourtant engagé par amour du drapeau. Il n’était pas question pour lui de causer du tord à la reine : «Je n’ai pas publié ce rapport en pensant faire du mal à la Couronne. Je l’ai fait pour la sécurité. Elle n’est pas prise au sérieux. Et par cet état de fait, le peuple et nos terres sont en danger.»

«Une bombe à l’intérieur de la base ? Une question de temps»

«N’importe quelle personne avec la moitié d’un cerveau pourrait comprendre les risques.» Quand William McNeilly en vient au coeur du problème, il ne fait pas dans le tiède. A commencer par Faslane, son ex base et le centre du projet Trident : «A l’aéroport, vous devez faire contrôler vos bagages. A Faslane, ils ne les contrôlent pas.»

Pire, il avance que des terroristes pourraient facilement se rendre dans l’enceinte de la base : «Tout ce dont vous avez besoin c’est de quelques faux papiers. Les terroristes de groupes comme Daesh ont prouvé à plusieurs reprises qu’ils sont capables de les fabriquer. Des milliers d’identifications de la Royal Navy disparaissent chaque année. Sachant qu’au Royaume-Uni, le nombre de citoyens radicalisés augmentent, le risque que l’un d’entre eux passe au travers est croissant.»

Imaginez qu’un seul de ces sacs contienne une bombe ?

William McNeilly avance que la sécurité laisse sérieusement à désirer à l’intérieur même des sous-marins nucléaires : «Je pense qu’il y avait quelque chose comme 180 personnes à bord. Ils apportaient tous de gros sacs que personne ne vérifiait. Imaginez qu’un seul de ces sacs contienne une bombe ?»

Au delà du danger représenté par un certain laxisme sécuritaire, le jeune ex-militaire remet en cause l'existence même d’un tel programme : «Si vous faites une liste des désavantages, elle serait fournie. Vous pourriez même en écrire un livre. Le gouvernement a une vague raison de conserver le programme Trident : la dissuasion.»

Il touche un point sensible. L’arme nucléaire serait un instrument de combat censé décourager les adversaires de commencer la lutte. Sauf qu’il semble que cet adage soit révolu. En tout cas, à en croire le lanceur d’alerte : «Le programme nucléraire était-il dissuasif en Afghanistan ? Est-ce qu’il faisait peur aux terroristes basés là-bas ? Cela fait de nous une cible plutôt qu’un moyen de menacer. Pour les terroristes, c’est une attraction, pas une dissuasion.» Il justifie son analyse par le fait que les extrémistes sont «conscients que le Royaume-Uni n’utilisera jamais l’arme atomique contre les pays dans lesquels ils sont basés.»

«On m’a qualifié d’espion russe»

Le jeune homme a mal vécu son expérience. Il pensait défendre son pays. Quand les autorités de ce dernier se sont retournés contre lui, il s’est retrouvé seul : «Le plus choquant en tant que lanceur l’alerte a été de voir les gens se cacher derrière l'Official secrets act’. Ils n’ont pas donné la priorité à leur pays et à leur peuple. C’est ce qui est le plus choquant.»

Concernant la presse, William McNeilly semble avoir eu du mal à se faire… diffuser : «J’ai utilisé plusieurs adresses e-mail. Dont une sur le deep web. Je l’ai envoyé à Wikileaks, Secure Drop, à de nombreux journalistes. Un seul m’a répondu.» Il s’agissait du site crée par Jualian Assange.

Mais le plus incroyable reste les accusations dont il a été victime. William McNeilly a notamment été traité d’espion russe : «Ils m’ont accusé de choses que je n’avais pas faites. Certains journaux ont même été jusqu’à dire que j’apprenais le russe. Sans manquer de respect aux Russes, je n’ai jamais tenté d’apprendre leur langue !»

«Ils ont également essayer de me faire passer pour un fou. Et bien cela confirme tout ce que je dis. S’ils ont laissé un espion russe et nationaliste écossais à bord, en lui donnant accès à des informations secrètes, tout en le laissant accéder à la zone d’équipement d’une tête nucléaire…»

Les opinions, assertions et points de vue exprimés dans cette section sont le fait de leur auteur et ne peuvent en aucun cas être imputés à RT.

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