Robert Ménard est maire de Béziers. Proche du Front National dont il soutient la politique sociétaire, il appelle le parti de Marine Le Pen à changer de nom. « Un symbole très fort d’ouverture » selon lui.
Changer le nom du @FN_officiel serait un symbole très fort d'ouverture du parti.
— Robert Ménard (@RobertMenardFR) 17 Décembre 2015
RT France : Pourquoi une telle demande?
Robert Ménard : Parce qu’on a assisté dimanche à quelque chose d’un peu paradoxal. D’un côté le Front National - que je soutiens et qui me soutient, même si je n’en suis pas membre -, fait 6 800 000 voix aux élections - ce qui est un record historique -, et il est le premier parti de France, et en même temps il ne gagne aucune région ! Ça veut dire qu’il y a un problème, que le Front National est pour le moment dans l’impossibilité de transformer l’essai du premier tour. Je pense qu’il faut attirer les gens qui ont encore peur du Front National. Ceux qui se retrouvent souvent dans les idées du Front National sur le terrain de l’identité nationale, de l’immigration, les terrains de société en somme ; mais beaucoup moins sur les questions économiques.
Il faut attirer les gens qui ont encore peur du Front National
Il s’agit de marquer une rupture. Cette rupture passe par trois points : travailler sur le programme présidentiel avec d’autres gens que ceux du parti pour qu’il soit acceptable au-delà du Front National aux yeux des gens de droite, qu’il s’ouvre au niveau des législatives à des gens qui ne sont pas membres mais qui sont prêts à travailler pour lui ; et enfin, changer de nom, car changer de nom ça veut dire marquer une rupture avec le passé. Il faut un héritage et une rupture. L’héritage, c’est Marine Le Pen qui l’incarne, et la rupture c’est le nom. L’idée c’est de trouver une autre image, une autre façon de se présenter. Après, je ne suis ni au Front National ni au Rassemblement Bleu Marine donc ils feront ce qu’ils veulent !
RT France : Justement, le Rassemblement Bleu Marine ça ne suffit pas pour vous ?
Robert Ménard : Non, je crois que le Rassemblement Bleu Marine est quelque chose qui a été utile en son temps et qui aujourd’hui n’est pas suffisant.
RT France : Vous-même vous n’êtes pas membre du front national et vous avez dit que vous ne voteriez jamais FN. Pourquoi aider à faire en sorte que d’autres votent pour lui ?
Robert Ménard : Vous savez, il y a plein de gens comme moi qui sont proches du Front National et du Rassemblement Bleu Marine mais qui ne sont pas prêts à adhérer à l’un ou à l’autre. Je n’adhérerais jamais au Front National, pas plus qu’au Rassemblement Bleu Marine parce que c’est une coquille vide. Ça peut être attirant pour la droite patriote mais ça n’est pas suffisant pour se sentir des affinités de A à Z avec ces partis. Et puis je suis déjà à la tête d’une ville. Mais malgré cela je soutiens le parti de Marine Le Pen car je pense qu’on a besoin d’un Front National fort pour changer mon pays.
On a besoin d’un Front National fort pour changer mon pays
Comme maire d’une ville, il y a tout un tas de problèmes que je ne peux pas régler – problèmes d’identité, d’immigration, de sécurité, d’école…- or ce sont des choix nationaux voire des choix européens, et pour réussir dans ma ville j’ai besoin d’avoir à Paris et à Bruxelles des gens différents et j’appelle de mes vœux que ce soit Marine Le Pen. Je serais prêt à me rapprocher de gens à conditions qu’ils évoluent comme je vous l’ai indiqué.
RT France : Vous ne croyez pas que ce qui fait la force du FN c’est son nom justement ?
Robert Ménard : Je vous aurais répondu oui il n’y a pas si longtemps, mais regardez, quand il y a eu cette séparation violente entre la fille et son père, un tas de gens a dit « Attention, Jean Marie Le Pen, c’est les racines du Front National, Marine va se couper de cette force ! ». C’est le contraire qui s’est produit : jamais le Front National n’a fait autant de voix que depuis que Marine Le Pen s’est séparée de son père.
RT France : Et pourtant les français se disent indifférents ou hostiles au changement de nom des partis…
Robert Ménard : Oui mais dans le cas du Front National ce n’est pas pareil. Quand c’est l’UMP qui se transforme en Républicains, on sait bien qu’il n’y a aucun changement.
RT France : Justement ! Le FN était le premier à critiquer le changement de nom de l’UMP en disant que ça ne changerait rien. Pourquoi changer à leur tour ?
Robert Ménard : Oui mais ça rejoint les propositions de changement dont je vous parlais tout à l’heure : si ce changement s’accompagne d’une réflexion et d’un changement de programme, en particulier sur le plan économique, et sur l’ouverture à des personnalités qui ne sont pas proches aujourd’hui du Front National, je pense que là ça aurait un vrai sens. Et puis concernant l’UMP, je n’ai pas vu de gens nouveaux adhérer à leur parti…Eux, c’était du marketing. Nous, nous visons un rassemblement plus large.
RT France : Pour Julien Dray, le PS aussi doit changer de nom. Si tout le monde change de nom, comment la politique française peut-elle évoluer ?
Robert Ménard : La politique française changera quand la droite patriote sera au pouvoir !
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