Ancien élève de l’École royale militaire (Bruxelles) dont il est titulaire d'un master en sciences sociales et militaires, Anatole Gallien s'intéresse à l'histoire ainsi qu'aux relations internationales et à la géopolitique.
Ce dimanche aura lieu en France le premier tour des élections départementales. Cependant, tout le monde aura pu constater que les compétences des départements et la politique locale auront été particulièrement peu évoquées au cours de cette campagne électorale. Presque l’entièreté du sérail politico-médiatique ne s’inquiète que d’une chose : le résultat du Front National. On aura vu le premier ministre en fonction assumer publiquement faire campagne contre ce parti d’opposition ainsi que les médias scruter les profils Facebook de milliers de candidats FN afin d’y trouver l’un ou l’autre « idiot du village » ayant posté une photo ou une déclaration critiquable.
Depuis le début du mandat présidentiel de François Hollande, le parti socialiste ne cesse de dégringoler tandis que de son côté, l’UMP reste empêtré dans ses divisions internes et les querelles d’égo. Les élections européennes de mai 2014 avait déjà consacré le Front national premier parti de France avec près de 25 % des voix à l’échelle du pays. Chômage record, désindustrialisation, immigration, insécurité, terrorisme islamique, impopularité sévère et chronique de l’exécutif : indubitablement, la conjoncture est favorable comme jamais au Front national.
Capitalisant sur le mécontentement généralisé, celui-ci est donné à 29 % par le dernier sondage réalisé par Harris Interactive contre 28 % pour l’UMP et l’UDI réunis et 19 % pour le PS. Celui-ci, sûre de sa déculottée programmée, a d’ailleurs fait voter tout récemment à l’Assemblée nationale une loi doublant la durée pendant laquelle les élus perçoivent encore des indemnités après la fin d’un mandat!
Ne cessant de monter dans l’opinion, ayant emporté onze mairies lors des élections municipales de mars 2014, le Front national caresse l’espoir d’emporter dimanche prochain quelques départements tels que l’Aisne, le Vaucluse et le Var. Pour 2016, Marine Le Pen lorgne déjà sur la présidence de la région Nord-Pas-de-Calais avant celle de la République en 2017 ou 2022.
En pleine ascension, le Front national attire de plus en plus de personnalités ayant jusqu’à présent évolué aux antipodes du mouvement fondé de Jean-Marie Le Pen. On pense par exemple à l’étonnant ralliement au Front national de Sébastien Chenu, fondateur de l’association GayLib et jusqu’il y a peu cadre de l’UMP et militant anti-FN. Le cas du député Gilbert Collard, un temps avocat de SOS racisme, est également significatif. N’ont-ils pas plus de chances d’obtenir un mandat électif au Rassemblement bleu Marine qu’ailleurs ? Au fur et à mesure que le PS et l’UMP se désintègreront et que la France s’enfoncera dans l’insécurité et le chômage, le Front national engrangera des succès électoraux suscitant l’appétit des carriéristes et des ambitieux de tous poils. Aujourd’hui, c’est au Front national que la soupe promet d’être bonne!
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Or, cet apport de sang neuf venu d’ailleurs contribue objectivement à une évolution tant sociologique qu’idéologique du Front national et participe largement à la dédiabolisation voulue par Marine Le Pen. D’élection en élection, le parti nationaliste fondé par Jean-Marie Le Pen, ce diable de la République, paraît bien se diriger vers une normalisation.
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