Alors que Zelensky a été remis à sa place par Trump, certains pays européens s’agitent et prétendent faire tout leur possible pour continuer la guerre jusqu’au dernier ukrainien. Tout cela n’est que du vent, selon l'analyste géopolitique Alexandre Regnaud.
Il faut d’abord remarquer que le sommet européen réuni à Londres par Starmer ne correspond à rien. Il n’est pas européen, puisque le Canada et la Turquie étaient représentés, et ne correspond pas à l’UE, puisque seuls 11 des 27 pays de l’Union européenne étaient invités. Ils n’étaient naturellement pas conviés, mais Robert Fico a déjà déclaré que «La Slovaquie ne soutiendra pas l'Ukraine», et le Hongrois Victor Orban a soutenu Trump et condamné l’initiative de Londres. La présence de la présidente non élue Ursula von der Leyen ne doit pas faire oublier qu’il sera impossible d’obtenir l’unanimité que les traités imposent pour certaines décisions. Les initiatives resteront donc au niveau des États.
Des États qui vont avoir du mal à financer les «centaines de milliards d’Euros» que Macron veut gaspiller pour Kiev. D’après Eurostat, sur les 11 pays de l’UE présents à Londres, la France, l’Italie et l’Espagne sont déjà parmi les 5 plus endettés. Macron, en réclamant un passage des dépenses de Défense à 3-3,5% du PIB au lieux de 2%, soit «au moins 200 milliards d’euros par an» oublie que l’INSEE établit la dette de la France au troisième trimestre 2024 à 113,7 % de ce même PIB, un chiffre en hausse constante.
L’UE finance déjà l’Ukraine par le vol des intérêts des avoirs russes gelés, et il sera très difficile d’aller plus loin et de voler directement les avoirs eux-mêmes. Passer ce cap amènerait à une décrédibilisation totale du système financier européen et de l’Euro, avec des retraits massifs de capitaux et d’investisseurs étrangers, une catastrophe que même eux semblent pour l’instant capables de comprendre.
Même avec de l’argent, les stocks d’armes et de munitions sont vides et la capacité industrielle européenne ne permet pas de produire suffisamment. On se souvient du fiasco de l’initiative tchèque du million d’obus pour Kiev. Un rapport sénatorial estime qu’en 2022, la France produisait 20 000 obus par an, soit la consommation de deux jours sur le front. Même si la production a augmenté depuis de 30 % comme le claironne Thierry Breton, on est très loin du compte. Et on le restera sans doute, car le développement de l’outil de production demande des investissements colossaux de la part des entreprises, et donc des garanties de commandes, et donc de financement. Ce n’est pas le plan «Rearm Europe» de von der Leyen, très majoritairement financé par une incitation à la dette d’États déjà exsangues via l’assouplissement de règles budgétaires de toute façon déjà caduques, qui va changer les choses en profondeur.
À cela s’ajoute le fait qu’il n’est militairement pas dans l’intérêt d’un grand nombre de pays de se disputer avec les Etats-Unis.
Sept pays de l’UE, dont plusieurs présents à Londres, ont par exemple préféré le chasseur américains F-35 aux équivalents européens. Un avion qui ne peut pas voler sans mises à jour régulières, le support numérique et satellite fournis par les Etats-Unis.
La peur monte également d’un retrait d’une partie de l’important contingent américain qui occupe le continent. Il y a, pour ceux qui y croient encore, la protection contre le fantasme de l’invasion russe. Mais surtout le gigantesque écosystème économique que représente une base militaire américaine dans des pays européens où les industries ferment les unes après les autres sous l’effet boomerang des sanctions. Ainsi, le Premier ministre lituanien Gintautas Paluckas, très courageusement, «propose de ne pas déclarer la guerre aux États-Unis pour l’instant» (sic), le Président Polonais Duda ne condamne pas Trump et précise que «Volodymyr Zelensky doit rester calme», et le ministère norvégien de la Défense a assuré les États-Unis de la poursuite de leur coopération après une polémique sur la fourniture de carburant. Ajoutons à cela que 68% des dépenses militaires de l’OTAN sont financées par les États-Unis et on comprend déjà qui finira par avoir le dernier mot.
Reste la question du fameux «contingent de maintien de la paix» européen en Ukraine, en tout point irréaliste.
Sans l’aide des États-Unis, il est estimé qu’il faudrait recruter 300 000 soldats supplémentaires. En 2023, d’après leurs propres ministères, l’armée française avait déjà un déficit d’environ 10 000 soldats, l’Allemagne 22 000, l’Italie 20 000, etc. On se demande donc où ils vont trouver les recrues supplémentaires.
D’autant plus qu’un tel déploiement est inenvisageable, sous peine d’être considéré comme belligérant, sans un accord de la Russie, ce que Sergueï Lavrov a déjà qualifié «d’inacceptable» en février dernier. La question est donc close sauf à déclencher un conflit mondial, ce qu’à part quelques européens, plus personne ne semble heureusement vouloir.
Faute de moyens financiers, humains et industriels, on aura compris que l’Europe est en vérité parfaitement incapable de faire ce qu’elle annonce. Dès lors, il faut prendre les déclarations de certains dirigeants européens pour ce qu’elles sont : un moyen pour des politiciens globalement plus qu’impopulaires d’être mis en valeur par les médias subventionnés et de maintenir les populations dans la peur afin de leur faire un peu oublier l’effondrement continu de leur qualité de vie.
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