«Ce que nous attendons, ce sont des sanctions contre le Rwanda», estime le ministre de la Communication de la RDC

«Ce que nous attendons, ce sont des sanctions contre le Rwanda», estime le ministre de la Communication de la RDC
Interview avec Patrick Muyaya Katembwe, ministre de la Communication et des Médias de la RDC
Suivez RT en français surTelegram

Patrick Muyaya Katembwe, ministre congolais de la Communication et des Médias, a accordé une interview à RT en français dans laquelle il a qualifié de «carnage» la prise de Goma par le M23 et appelé la communauté internationale à imposer des sanctions contre le Rwanda.

RT en français : Invasion, annexion, agression, chute ou prise de Goma, quel concept estimez vous approprié pour décrire la situation à Goma?

Patrick Muyaya Katembwe, ministre de la Communication et des Médias de la RDC : C'est une agression parce que vous avez vu que le Rwanda a mobilisé près de 10 000 militaires et des forces spéciales pour faire un assaut sur la ville de Goma dans l'objectif clair de commettre un carnage, de commettre les crimes les plus abominables. On a vu d'abord comment ils ont attaqué les Casques bleus de la MONUSCO, ils ont attaqué les forces de la RDC. Ils ont bombardé des camps de déplacés, des hôpitaux. La seule idée, c'était la terreur. Ils ont rencontré une résistance farouche de nos forces armées. Il n'y a pas d'autre expression qu'agression qui signifie qu'un pays quitte délibérément les limites de ses frontières pour entrer dans un autre pays dans l'objectif de tuer, de massacrer et d'occuper pour un temps un certain espace.

RT en français : Si nous allons parler de la chute de la ville de Goma, elle n'a pas été simple. Les forces armées de la RDC se sont battues. Quel est le bilan qu'on peut présenter à l'opinion ?

Patrick Muyaya Katembwe : À l'instant où je vous parle, il y a un contact à Goma qui me dit qu'on est en train d'enterrer 146 personnes, sûrement dans des fosses communes. Mais nous, dans ce que nous avions vu, des chiffres qui nous ont été envoyés par les ministères de la Santé, des centres officiels, des centres et structures sanitaires, c'est 773 décès au 30 janvier et près de 2800 blessés. C'est sûr que les dénombrements continuent, de ceux qui étaient dans les structures médicales. Mais nous savons qu'il y a des milliers qui n'ont pas pu rejoindre les hôpitaux. D'après en tout cas les statistiques de mon contact, on atteindra ou on dépassera les 2500 morts. S'il faut compter y compris ceux qui n'ont pas été amenés dans les structures hospitalières. C'est l'horreur et pour nous la première priorité aujourd'hui c'est de nous assurer comment nous venons en soutien à nos populations qui sont victimes justement des agresseurs. C'est pour ça que le ministre de la Santé a lancé notamment cette campagne de don de sang qui nous permet aujourd'hui d'avoir, en allant récolter, suffisamment de sang pour que cela puisse être envoyé dans les structures et centres hospitaliers à Goma pour venir en aide à nos populations qui sont blessées.

RT en français : Quelques heures, 48 heures ou 72 heures après ces événements, le chef de l'État s'était adressé à la nation. Quelle a été la substance du message du chef de l'État ?

Patrick Muyaya Katembwe : Le messagedu président, c'était une mobilisation, c'était le besoin pour lui de mobiliser tous les Congolais pour défendre notre souveraineté et pour défendre notre intégrité. C'est évident que la guerre, comme nous aimons le répéter régulièrement, ce n'est pas une guerre qui est faite au président Tshisekedi. C'est une guerre qui est faite à tous les Congolais, partout où les Congolais se trouvent. Et c'est une guerre qui amène beaucoup de dégâts. Et donc le président de la République devait faire ces messages de mobilisation dans lesquels il a été explicite sur la nécessité pour nous d'assurer un appui humanitaire à nos populations qui sont touchées. Ensuite, il a désigné un nouveau gouverneur de la province du Nord-Kivu, parce qu'il ne faut pas oublier que c'est le gouverneur de la province du Nord-Kivu qui doit s'assurer directement de la situation dans sa province, y compris dans la ville de Goma, d'avoir envie d'y apporter des réponses. Mais aussi l'effort de guerre que nous avons mobilisé principalement les acteurs des institutions étatiques en se délaissant d'une certaine quantité de leurs revenus pour permettre à l'armée, aux militaires et aux volontaires pour la défense de la patrie d'être bien outillés. Je pense que l'appel à la mobilisation du président de la République a été plutôt bien accueilli par les Сongolais de partout dans le monde. Si vous regardez Bruxelles ou Paris, les Congolais se sont mobilisés. Ça nous donne une indication de comment les Congolais vont se lever parce qu'il n'y a pas d'arme qui soit plus puissante que le peuple et c'est cette arme dont le président Tshisekedi dispose.

RT en français : Il y a un processus en cours, le processus de Luanda qui divise les deux parties, le Rwanda et la RDC, par rapport à la question de dialoguer directement avec le M23. Est-ce qu'aujourd'hui la donne n'a pas changé, qui peut contraindre le gouvernement congolais par rapport à l'occupation dont on parle ici, contraindre le gouvernement à dialoguer directement aujourd'hui ?

Patrick Muyaya Katembwe : Mais pourquoi on va dialoguer avec eux ? Parce que le Rwanda a tué des milliers de Congolais ? Parce qu'ils ont bombardé une ville ? C'est ça la prime qu'on doit leur accorder ? Non, ici, il faut qu'on soit clair et cohérent. Nous, on n'a jamais refusé les dialogues. Mais on veut que ces dialogues se fassent dans un cadre organisé qui s'appelle le processus de Nairobi. Lorsque nous étions à Luanda, le 15 décembre, c'est là qu'on devait normalement terminer avec cette situation. Le président Kagame n'est pas venu. Mais pendant que nous y étions, nous avions avec nous le président kényan. Il était là parce que c'est lui qui conduit les processus politiques où les discussions doivent se faire, y compris avec le M23. Alors maintenant, c'est sur quelle base ? On va nous dire parce que le Rwanda a tué, mais nous sommes déjà à la table avec le Rwanda. Aujourd'hui, quels sont les problèmes présentés par les Rwandais, les fameux faux prétextes présentés par les Rwandais ? Quels sont les problèmes qui n'ont pas été abordés dans le cadre des discussions de Luanda ? Aujourd'hui, nous avons déjà la solution sur papier. Mais c'est évident ici que pour les Rwandais, c'est ce qui importe pour eux, ce n'est pas d'aller vers la solution pour la paix, c'est de maintenir la guerre en RDC, comme ça ils peuvent continuer leur processus de pillage. Comme ça, ils peuvent continuer, eux, à prospérer derrière le dos du Congo et derrière le sang des Congolais. C'est ça, le seul projet.

RT en français : Le régime Tshisekedi, le gouvernement, a été actif sur tous les fronts, notamment le front diplomatique, notamment avec le processus de Luanda. Est-ce que vous n'avez pas l'impression que la communauté internationale, à travers tout ce que vous engagez comme processus ne vous accompagne pas ? Les preuves sont là, les rapports des Nations Unies qui accablent le Rwanda, mais les sanctions ne suivent pas.

Patrick Muyaya Katembwe : Les Congolais qui pensent qu'il y a complicité, qui pensent qu'il y a un complot, ont raison de le penser, parce que personne ne peut imaginer que le Rwanda qui agresse la RDC en plein jour et toutes les caméras du monde y sont focalisées, que les nations occidentales se limitent à faire des discours de condamnation symbolique. Je suis derrière le président de la République pour condamner les actes de violence que nous avons observés sur les différentes ambassades il y a quelques jours. Mais c'est compréhensible la colère des Congolais. Lorsqu'on regarde, c'est le même monde qui réagit. Mais regardez l'attitude. Aujourd'hui, nous continuons de penser que la communauté internationale ne fait pas tout ce qu'elle pouvait faire pour amener la paix dans cette partie du pays. Ça c'est une constante, une vérité. Mais que par la suite, évidemment, comme on l'a dit et répété, nos populations ne sont pas en droit d'aucune manière de s'en prendre aux installations des pays qui sont accrédités chez nous. Mais finalement le but de cette guerre c'est nous-mêmes. C'est pour ça que le président de la République appelle tous les Congolais à s'élever, parce que ce n'est pas la guerre des autres. C'est d'abord notre guerre à nous, c'est pour ça que nous tous sommes derrière lui, derrière nos vaillants combattants, nous devons rester mobilisés et faire la guerre avec les moyens que nous avons. Ici, il faut d'abord qu'on compte sur nous-mêmes, sur ces dons que nous disposons comme ressources pour mettre fin à ces conflits.

RT en français : Deux réunions organisées au Conseil de sécurité des Nations Unies en 48 heures sur la situation sécuritaire dans l'est de la République démocratique du Congo. Quelle est le résultat de la réunion tenue au Conseil de sécurité ?

Patrick Muyaya Katembwe : Les résultats, ce que nous attendons, sont des décisions plus énergiques, des sanctions. Il y a eu un progrès parce qu'on arrive à nommer le Rwanda, parce qu'avant on disait qu'il y avait un groupe de pays africains qui ne le faisait pas, ils commencent à le citer. Mais l'avantage qu'il y a, c'est que nous sommes là sur le front diplomatique. Et sur le front diplomatique, on a marqué des points. Aujourd'hui, aucun pays du monde ne peut dire qu'il n'est pas au courant de la situation dans l'est de la RDC. Aucun pays au monde ne peut dire qu'il n'est pas au courant des agissements du Rwanda dans l'est de la RDC. Aucun pays ne peut dire qu'ils n'ont pas appris que des Casques bleus ont été tués, qu'ils n'ont pas appris que les infrastructures de la MONUSCO ont été attaquées. Aucun pays au monde ne peut dire aujourd'hui qu'on n'avait pas attaqué les militaires de la RDC. Donc c'est illustratif du nombre de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité, de tous ces crimes qui se sont commis en l'espace d'un petit temps, et le responsable est connu, c'est le Rwanda. On ne peut plus continuer à voir et à regarder et à ne pas voir. Ici, il faut regarder, voir et surtout sanctionner.

 

Raconter l'actualité

Suivez RT en français surTelegram

En cliquant sur "Tout Accepter" vous consentez au traitement par ANO « TV-Novosti » de certaines données personnelles stockées sur votre terminal (telles que les adresses IP, les données de navigation, les données d'utilisation ou de géolocalisation ou bien encore les interactions avec les réseaux sociaux ainsi que les données nécessaires pour pouvoir utiliser les espaces commentaires de notre service). En cliquant sur "Tout Refuser", seuls les cookies/traceurs techniques (strictement limités au fonctionnement du site ou à la mesure d’audiences) seront déposés et lus sur votre terminal. "Tout Refuser" ne vous permet pas d’activer l’option commentaires de nos services. Pour activer l’option vous permettant de laisser des commentaires sur notre service, veuillez accepter le dépôt des cookies/traceurs « réseaux sociaux », soit en cliquant sur « Tout accepter », soit via la rubrique «Paramétrer vos choix». Le bandeau de couleur indique si le dépôt de cookies et la création de profils sont autorisés (vert) ou refusés (rouge). Vous pouvez modifier vos choix via la rubrique «Paramétrer vos choix». Réseaux sociaux Désactiver cette option empêchera les réseaux sociaux de suivre votre navigation sur notre site et ne permettra pas de laisser des commentaires.

OK

RT en français utilise des cookies pour exploiter et améliorer ses services.

Vous pouvez exprimer vos choix en cliquant sur «Tout accepter», «Tout refuser» , et/ou les modifier à tout moment via la rubrique «Paramétrer vos choix».

Pour en savoir plus sur vos droits et nos pratiques en matière de cookies, consultez notre «Politique de Confidentialité»

Tout AccepterTout refuserParamétrer vos choix