Alors que la charte olympique promeut le principe de neutralité politique, le sport se transforme souvent en un terrain de bataille diplomatique et économique. Comment la politique se mêle-t-elle au sport ?
Incontestablement, le sport est devenu un outil puissant de soft power en politique. Exemple : des législateurs européens, britanniques ou américains appellent de plus en plus ouvertement au boycott diplomatique des JO d’hiver de Pékin pour protester contre le traitement des Ouïghours. Une attitude encore plus dure est adoptée à l’égard de la Russie : Moscou ne cesse de dénoncer des soupçons de dopage « infondés » et des accusations politiques « destructrices ».
Au Moyen-Orient, la rivalité historique entre le Qatar et les Émirats arabes unis s’étend aussi au sport. Selon certaines sources, Abou Dhabi aurait orchestré une vraie campagne médiatique contre le Mondial de football de 2022 au Qatar. Un autre exemple vient des Balkans où la Serbie s’oppose farouchement à l’acceptation du Kosovo dans les organisations internationales de football.
Pourtant, le sport peut produire un effet positif sur les relations bilatérales. L’Afghanistan cherche à entamer la coopération avec certains États régionaux au moyen de la diplomatie du cricket. L’instauration d’équipes sportives communes entre les deux Corées a permis en 2018 un certain dégel.
Quels sont donc les enjeux géopolitiques de la diplomatie sportive ? Comment différents États utilisent-ils le sport pour promouvoir leurs intérêts nationaux ? Pourquoi la politisation du sport prend-elle cette ampleur ? Pour répondre à ces questions, Oleg Shommer reçoit Pascal Boniface, directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques à Paris et auteur de L’Empire foot.
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