Après la décision du patriarcat de Constantinople de reconnaître l’Église autonome d’Ukraine, l’unité du monde orthodoxe est mise à l’épreuve. Certains acteurs géopolitiques en profitent pour promouvoir leurs propres intérêts.
Une fracture de taille se creuse au sein de l’Église orthodoxe. En cause, la décision du patriarche de Constantinople Bartholomée d’octroyer un Tomos d’autocéphalie à l’Eglise autonome d’Ukraine. Trois Eglises orthodoxes soutiennent aujourd’hui cette décision : celles de Grèce, de Chypre et d’Alexandrie. La décision de Bartholomée est aussi accueillie à bras ouverts par les Etats-Unis qui renforcent de plus en plus leur coopération avec le Phanar. Les deux parties se disent prêtes à coopérer en matière de défense de la liberté religieuse.
De son côté, l’Eglise orthodoxe russe qualifie d’illicite l’octroi du «tomos» à l’Église autonome d’Ukraine et rompt tous les liens avec les Eglises ayant soutenu cette décision. Or, l’Eglise autonome d’Ukraine n’est pas seule à menacer l’unité du monde orthodoxe. La Macédoine du Nord demande aussi l’autocéphalie pour son Église qui se trouve actuellement sous l’autorité du patriarcat de l’Eglise orthodoxe serbe. Un autre exemple est le Monténégro où le Parlement adopte fin 2019 une loi controversée qui risque d’ouvrir la voie à des confiscations de biens de l’Eglise orthodoxe serbe pour le compte de l’Eglise monténégrine minoritaire.
Comment le schisme orthodoxe est-il utilisé à des fins géopolitiques ? Comment la réception du Tomos a-t-elle influencé la situation religieuse en Ukraine ? Quelle est l’origine de toutes ces divisions ? Pour répondre à ces questions, Oleg Shommer reçoit Raphaël Liogier, philosophe et sociologue, professeur à Sciences Po Aix.
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